Gabbla (Inland)

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Inland…Gabbla. Dans les terres. Lesquelles ? Celles qui forcent sans doute le respect, qui nous poussent à toujours découvrir l´Autre, qui émeuvent et remplissent nos oripeaux de ce je-ne-sais-quoi qui atteint le sublime. Inland, dernier film de Tariq Teguia, un cinéaste universel qui redéfinit le sublime !

Le beau est-il une affaire de morale ? Interrogation qui soulève toujours des zones d’ombres, devenue la thématique essentielle de ce début d’année 2009. 35 rhums de Claire Denis, Un lac de Philippe Grandrieux, 24 city de Jia Zhang-Ke et bientôt A l’aventure du ténébreux Jean-Claude Brisseau. Quelques films assez personnels qui traduisent un sentiment de découverte, de croisement dans les sphères assez souples du cinéma. Toujours sympathique de faire des parallèles, surtout si elles sont légitimes. Ces cinéastes ont cette particularité de se démarquer d’un système très complexe où les financements ne sont pas toujours à la hauteur, où la recherche formelle a du mal à se concilier avec celle du fond et où le résultat frise souvent une débâcle conséquente. On l’oublie trop souvent, mais les évadés des salles obscures n’attendent qu’une chose : qu’on les déboussole pour les noyer sous de nouvelles vagues originales. Malheureusement, le dénigrement est assez régulier, et ce contrairement aux apparences.

Tariq Teguia est un homme qui erre entre Paris, la ville lumière et Alger, la ville blanche. Découvert pour beaucoup avec Rome plutôt que vous, subtile réflexion sur la violence des mots dans une Algérie d’après-guerre (celle des années 90 et du terrorisme), Teguia est un cinéaste touche-à-tout qui ne bricole pas, il cadre le Temps, celui d’un présent familier. Sa filmographie est empreinte d’une volonté de dessiner une nouvelle carte d’une Algérie en reconstruction permanente. Les immeubles, les architectures et les routes sont remodelés, déclassés et pour la plupart reconstruits. Alger, par exemple, est devenue un chantier gigantesque qui n’en finit pas d’être détruit, repris en main et finalement renouvelé. Dans Rome plutôt que vous, ce sont des constructions à peine achevées, des endroits-fantômes et des zones réputées pour leur tourisme qui y sont présentés sous un jour plus réaliste (la Madrague, Alger judicieusement filmé de dos, le quotidien de Kamel et de Zina). Dans Inland, Teguia va plus loin en quittant l’urbanisme pour aller fureter du côté de la Porte du Soleil, celle qui libère les touaregs de leur cliché, qui ramène le vent des sables et qui réveille Dame Nature pour une confrontation ultime : l’humain face à la brillance du paysage.

     

Inland est une œuvre qui se perçoit. Caressant le doux sentiment de l’âme, Teguia va indubitablement laisser parler son ressenti, pour l’échanger avec le spectateur. Son histoire, celle qui s’éparpille dans Inland, est celle qui ne se comprend pas, mais intrigue. Malek, personnage longiligne, dépassé par les évènements (familiaux ? Sociaux ? Politiques ?) et topographe de métier, traine inlassablement une carcasse dont le regard porte une signification quasi mystique. Malek vit au jour le jour, boit son café, fume quelques clopes et regarde le paysage qui s’étale devant lui tel une destinée qu’il ne peut contrôler (le veut-il réellement ?). Sa vie se situe quelque part entre deux rives, un clivage privé raté, même si son divorce s’avère un peu houleux, et une conscience professionnelle qui le ramène – parfois – à la vie. L’un de ses employeurs et amis (Ahmed Benaïssa, voix et prestance rocailleuses) lui donne une mission : préparer le terrain d’un coin perdu pour une éventuelle mise en place d’un système électrique. Un coin où, quelques années plus tôt, deux topographes français se firent égorger. Inland peut commencer !

Titre original : Gabbla

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Durée : 138 mn


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