Avec une petite différence notoire : « Le casting d’Entre les murs, déclare Laurent Cantet, reposait sur le volontariat des participants à l’atelier que nous avions mis en place. Pour Foxfire au contraire, c’est moi qui suis allé chercher les actrices. J’ai passé un hiver à Toronto dans tous les lieux où nous pouvions croiser des adolescents : des écoles, des maisons de quartier, des centres d’accueil pour jeunes en difficultés. Les responsables du casting avaient par ailleurs fait un appel sur Internet et auditionné 500 jeunes filles. Mais c’est une chose de trouver des actrices convaincantes, c’en est bien une autre de constituer un groupe cohérent, capable d’incarner une bande comme celle de Foxfire. »
Il faut dire que la principale protagoniste, Legs, interprétée par la jeune Raven Adamson, est particulièrement géniale. Mais elles sont toutes excellentes, bien que non professionnelles et s’accordent tellement bien qu’on finit presque par croire qu’elles ont toujours fait partie d’un gang. De toutes ces jeunes comédiennes, Tamara Hope, qui incarne la jeune fille riche, Marianne, est la seule qui soit actrice professionnelle. Un beau film qui, de plus, parvient parfaitement à recréer l’atmosphère de l’Amérique de ces années très rock et new look comme dans un film de James Dean ou un tableau d’Edward Hopper. Merci Laurent Cantet, faites-nous tous les cinq ans un aussi bon film et, à chaque fois, adapté d’un bon roman.

Car, en fait, ce film soulève encore une fois le problème de l’adaptation d’un œuvre littéraire au cinéma. On sait (ou on ne sait pas) que la plupart des films sont des adaptations plus ou moins réussies de romans, de nouvelles, ou même de films dans le cas des remakes, genre favori des Américains à l’endroit des films européens. On se demande d’ailleurs ici quelle sera la carrière de ce film qui, un peu à la manière de The Artist (Michel Hazanavicius, 2011) mais dans un genre complètement différent, a été pensé aussi pour séduire l’Amérique. Avec un tel cocktail : Palme d’or, actrices non professionnelles talentueuses, Joyce Carol Oates et Pierre Milon comme directeur de la photographie qui signe ici un parfait chef-d’œuvre, on aimerait bien que le film soit connu et reconnu car il a la trempe d’un Bonnie and Clyde (Arthur Penn, 1967) ou d’un Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991) et nous pesons nos mots.
(1) El Yuma (Benicio del Toro), Jam Session (Pablo Trapero), La Tentación de Cecilia (Julio Medem), Diary of a Beginner (Elia Suleiman), Ritual (Gaspard Noé), Dulce Amargo (Juan Carlos Tabío), La Fuente (Laurent Cantet, 2012.