Les réjouissances commencent avec Le Navire étoile d’Alain Boudet, le premier film de fiction produit par la télévision française diffusé le 11 décembre 1962. En pleine conquête de l’espace, la TV aussi se devait d’envoyer ses spectateurs dans les airs. Mais au cas où celui-ci se sente dépassé par ce que lui proposait son poste, un brève présentation-explication du film (présente sur le dvd) avait été prévue. Adapté du roman d’Edwin Charles Tubb, Le Navire étoile descend en droite ligne des grandes heures de la SF littéraire. Huis clos infernal, le film montre une vision du futur bien sombre : les hommes ont déserté la Terre après un cataclysme nucléaire et 2000 survivants vivent dans un vaisseau, dirigés par une machine super-évoluée, Psycho, qui décide du destin de chacun. L’homme est dominé et asservi jusqu’à ce qu’un maillon de la chaîne se dérègle. Un homme commence à poser des questions et enraye le fonctionnement de Psycho. Avare en effets spéciaux, La Navire étoile vaut surtout pour sa vision ultra-datée du futur entre minimaliste et mode des sixties. Très bavard, souvent drôle, le film entretient aujourd’hui des liens savoureux avec ses lointains cousins 2001, l’Odyssée de l’espace (l’ordinateur fait loi) et Wall-E (les hommes ayant déserté la planète pour vivre en orbite).



La Brigade des maléfices: Voir Vénus et mourir & Le Fantôme du HLM, Claude Guillemot (1970)
Pour couronner cette première salves d’éditions fantastiques, un raté de l’énorme production chabrolienne : une énième adaptation, franco-allemande, de Fantômas en quatre épisodes de 1979, deux réalisés par Chabrol lui-même et deux confiés à Juan Luis Buñuel (fils de Luis Buñuel). Fantômas, à l’allure d’un vieux moucheron, est incarné par Helmut Berger, souvent vu chez Visconti (Les Damnés, Ludwig…). La série hésite entre le sérieux de la version muette de Louis Feuillade et la franche farce de l’irremplaçable Louis de Funès pour atteindre un résultat pas franchement glorieux mais qui revêt le plaisir coupable du bon nanar et annonce presque le futur Inspecteur Lavardin des années 1980 (Poulet au vinaigre, Inspecteur Lavardin et Les Dossiers secrets de l’inspecteur Lavardin de Chabrol). On oscille donc entre répétition lassante de l’incrédulité autour de l’existence de Fantômas, citations lettrées mais malicieuses (le premier épisode L’Echafaud magique évoque la première du Chien andalou de Luis Buñuel avec cette phrase : « C’était surréaliste. Mon dieu, pourquoi pas ! ») et franche rigolade avec le coutumier humour potache de Chabrol avide de déguisements grotesques ou d’incorrections en tous genres. Le meilleur moment est ainsi sans doute une scène d’interrogatoire d’un suspect sourd sur les lieux d’un crime. On croisera au détour des épisodes de brèves apparitions de Jean-Pierre Coffe et du jeune Fabrice Luchini. Pas très bon certes, mais un joli plaisir inavouable.
