Mesdemoiselles, mesdemoiseaux, le respectable Joseph Gordon Levitt (
(500) jours ensemble, 2009,
The Dark Knight Rises, 2012) est vraiment le partenaire idéal. Il s’attaque aujourd’hui à un vrai sujet de société : mon mec mate du porno. Depuis le temps qu’on l’attendait. Enfin une adaptation ciné de Confessions intimes. Ou de Toute une histoire. Un vrai traité de sociologie. On s’attend presque à voir Sophie Davant débarquer pour poser des questions à une Scarlett Johansson – qui, de manière incompréhensible, minaude comme Beyonce au ralenti – larmoyante en évoquant les travers de son prince charmant. Parce que bon, Scarlett, elle est vexée quand même de surprendre son Jules se faire une petite toile dix minutes après le coït. Et Joseph, lui, il est frustré parce que sa vie (sexuelle) c’est pas aussi bien que dans les films (porno). Si vous croyez que la réponse logique et cohérente à cela serait, pour le couple, d’en discuter, alors ce film n’est pas pour vous.
Car sur le papier, ça a de la gueule. « Avec Don Jon, le scénariste, réalisateur et acteur Joseph Gordon-Levitt explore une série de sujets épineux tels que l’objectivation sexuelle, l’intimité ou les médias contemporains. » disent même les notes de production. Addiction au porno, prévalence du fantasme de chaque personnage sur la réalité, égocentrisme sexuel et amoureux… Tout cela est bien dans le film. Sauf qu’on peut toujours creuser longtemps pour trouver l’once du début d’un traitement de ces thématiques-là. Une fois que c’est dit, c’est fait. Partant d’un excellent et réel présupposé, Joseph Gordon Levitt n’en offre qu’une vision superficielle qui ne fait que prolonger celle archétypale de ses personnages. Le film s’empêtre dans un grand écart entre leur ridiculisation et une parfaite identification à eux. Ce qui donne l’étrange sensation que les enjeux ont peut-être été identifiés (culte de l’apparence, narcissisme et égocentrisme, désintérêt profond de l’autre en tant que personne…), mais à aucun moment le réalisateur ne s’en approche véritablement. Il hésite sans cesse entre l’accentuation grotesque et la compassion, sans arriver à mêler les deux.
La conséquence majeure de cette indécision, c’est la vulgarité générale de la mise en scène, la caméra n’adoptant que trop le mode de pensée du personnage principal. Sous un enrobage clinquant et brillant, on est finalement plus prêt de l’aspect potache du film pour adolescents à la American Pie que de la comédie indé à contenu. Une erreur de positionnent constante qui démolit régulièrement des situations pourtant pas si mauvaises en soi, la preuve s’il en est que les problèmes du film viennent en grande partie de sa réalisation. Adoptant les armes de ce qu’il souhaitait démontrer, Don Jon se retrouve pris au piège de ses propres filets et livre une comédie beauf de plus. Trop content de lui, Joseph Gordon Levitt avait de l’or entre les mains, il n’en tire qu’un film narcissique, vulgaire et pas drôle. Tout à fait dans l’esprit de Noël.
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