Jane Campion est le genre de cinéaste à la fois incontournable, mystique et icône du septième art. Femme forte, née le 30 avril 1954 à Wellington en Nouvelle-Zélande, sa passion de l’image et son talent pour raconter des histoires aux thèmes jusqu’alors peu abordés l’ont faite grande dame de cinéma. Première Palme d’or pour une réalisatrice à Cannes en 1993 pour son troisième long métrage La Leçon de piano, avec un jury prestigieux présidé par Louis Malle – elle lui succédera avec sourire et décontraction 21 ans plus tard pour la 67e édition du festival en 2014 -, il s’agira d’une Palme d’or brillante pour un film exceptionnel, racontant l’histoire d’amour d’une Écossaise muette et d’un homme analphabète, dans la Nouvelle-Zélande du XIXe siècle.
Ses autres œuvres ont également tout leur intérêt regardées côte à côte, et ce depuis Sweetie, son premier long métrage datant de 1989, sorte d’objet curieux sur une jeune femme aux courbes généreuses et à l’esprit un peu fou, qui se voit déjà en haut de l’affiche alors que son quotidien n’est que confrontations successives avec sa sœur ou son père. Sweetie, c’est le début d’une grande aventure pour Jane Campion, dans son exploration de l’être humain, de la femme mais aussi de l’homme, de leurs limites, de leurs sensibilités mais aussi de leurs penchants. Les films de Jane Campion, dans leur globalité, explorent, proposent et donnent à voir, outre des sentiments, des histoires parfois hors normes. Tout comme dans Portrait de femme (1997), Holy Smoke (1999) et In the Cut (2003), on sent que Jane Campion ne se donne aucune limite. La réalisatrice a cette faculté de pouvoir tout montrer sans jamais approcher le vulgaire ou le sensationnel. Son cinéma est attachant, perturbant parfois, romantique aussi. Bright Star (2009), son plus grand succès en salles, s’inspire librement de sa fille Alice et suit la liaison entre un jeune poète anglais de 23 ans et sa voisine.

Qu’elle traite d’amour impossible ou compliqué, de handicap sentimental ou physique, de sexualité, de rêve, de violence ou de famille, Jane Campion réussit ce que peu de cinéastes effleurent à peine, avec une apparente facilité et une imagination débordante. Ses personnages féminins sont extrêmement bien écrits, comme à chaque fois tirés d’un bestseller, comme s’ils prenaient vie au-delà de la pellicule. Et c’est la même façon de faire dans ses courts métrages, plus barrés, plus expérimentaux, que l’on découvre dans ce coffret avec l’extraordinaire Tissues (1980), Peel (1982), Passionless Moments (1983), A Girls’Own Story (1984), After Hours (1985), The Water Diary (2006) et The Lady Bug (2007). Source d’inspiration indémodable, passionnante, Jane Campion donne à voir dans chaque film un nouvel univers, tout en conservant ce qui fait aujourd’hui son succès auprès du public et des cinéphiles nombreux à la citer en référence.
Intégrale Jane Campion – Coffret DVD et Blu-ray édité par Pathé – Disponible depuis le 28 octobre 2015.
Image d’en-tête : Top of the Lake.