Ressortie : Une question de vie ou de mort (Michael Powell et Emeric Pressburger, 1946)

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Ressortie en version restaurée de « Une question de vie ou de mort », sommet de poésie fantaisiste transcendé par l´imagination de ses auteurs.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, deux pays s’arrachent l’Europe dans un conflit larvé, le Royaume-Uni et les États-Unis. L’armée britannique elle-même prendra rendez-vous avec Michael Powell et Emeric Pressburger afin d’arrondir les angles. Une posture assumée jusque sur l’affiche originale qui portera bien en évidence la mention « The first british royal command film ». Loin d’être effrayés par la contrainte, les cinéastes, pour leur huitième film tandem, emballeront une histoire d’amour cosmique entre un aviateur anglais et une standardiste américaine, se paieront de franches tranches de comédie et livreront leur vision du Paradis et de l’au-delà.

À ce sujet, A Matter of Life and Death, le titre original, est plus fidèle que sa traduction française. Car c’est bien à une question de vie et de mort qu’est confronté Peter Carter, commandant britannique miraculeusement réchappé d’une bataille aérienne. Après avoir sauté sans parachute d’un avion en flammes, accueillant la perspective de la mort avec résignation – et la classe du David Niven qui lui prête ses traits -, Carter se réveille sans égratignures sur une plage. Là-haut, quelqu’un a commis une bourde et oublié de rapatrier l’aviateur au Ciel. L’erreur doit être réparée, mais voilà qu’entre-temps, l’Anglais est tombé amoureux d’une Américaine – Kim Hunter, qui se fera plus tard connaître pour son interprétation du Dr Zira dans… La Planète des singes (Franklin J. Schaffner, 1967) – et refuse désormais d’accompagner son guide céleste – excentrique Marius Goring – , un noble français encore traumatisé d’avoir été décapité à la Révolution.

 

 
 

Galerie de personnages insolites, le Paradis baigne chez les auteurs dans un noir et blanc strict : on ne rigole pas tellement au Ciel, bureaucratie régie par une Loi austère et implacable. Ceux qui le peuplent et disposent des âmes y sont déconnectés de la réalité des vivants, englués dans le schéma de pensée de leur époque. Même Dieu semble avoir déserté cet endroit bien ennuyeux. Peut-être préfère-t-il se balader incognito sur la terre ferme, émerveillé par les prouesses du Technicolor. Powell et Pressburger ne prêchent pas pour un monde meilleur après la mort. Au contraire, hommes et femmes n’ont qu’une vie et celle-ci vaut d’être savourée à chaque instant, en couleurs éclatantes, avec la passion du coup de foudre.

 

 

Powell et Pressburger ont le romantisme cartésien, du genre à ne pas remettre en question les sentiments de leurs personnages. C’est peut-être là leur crime de lèse-majesté : il faut tout le charme des acteurs pour parvenir à faire exister des personnages prétextes. Bien que l’amour entre l’Anglais et l’Américaine tienne le récit, leur histoire ne semble pas particulièrement avoir retenu l’attention des réalisateurs. Les relations anglo-américaines ne sont pas mieux logées : magistralement expédiées lors d’une scène de procès, elles permettent aux réalisateurs de remplir leur cahier des charges tout en imposant un traitement burlesque, ironique et dérisoire. L’essentiel est ailleurs. Dans la confrontation entre science et croyance. Entre raison et folie. Dans l’émerveillement d’une fable à la Franck Capra dans laquelle effets spéciaux et autres prouesses techniques de l’époque sont au service d’un amour inconditionnel… pour le cinéma.

Titre original : A Matter Of Life And Death

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Durée : 104 mn


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