Ivan I. Tverdovski, âgé de 28 ans, représente la vague des jeunes réalisateurs russes (comme Valéria Gaï Guermanika ou Natalya Meshchaninova) qui osent aborder des thèmes embarrassants pour la Russie tout en restant dans la veine du réalisme contemporain. Ivan est le fils d’un réalisateur documentariste Ivan Tverdovski et étudiant d’une classe expérimentale (mélangeant l’expérience du cinéma de fiction et du documentaire) de VGIK (Ecole cinématographique de Moscou), faisant ses études dans l’atelier d’Alexeï Ouchitel (La Promenade – 2003, Le Cosmos comme pressentiment – 2005).

Classe à Part racontait la vie de lycéens handicapés regroupés ensemble dans une classe spéciale dans une école publique provinciale. L’histoire initialement écrite dans un livre d’Ekaternia Mouracheva, était entièrement refaite par le réalisateur pour pouvoir la porter à l’écran. Le scénario accentue la cruauté de l’adolescence, encore plus complexe quand nous abordons le sujet vu par des personnes en fauteuil roulant pour qui ni la vie sociale, ni les personnes autour ne sont adaptées.
Une anomalie qui bouleverse

Du fantastique pour dire une réalité cruelle
Pourtant, la transformation du personnage, causée par la différence (que Natacha cache évidemment), est si forte que la société s’y oppose brutalement en manifestant pour la norme et la standardisation. Une scène extraordinaire où la grosse directrice du Zoo habillée en tailleur devant tout le personnel également vêtu de la même manière, humilie Natacha, vêtue en jupette un peu courte avec des bottines, en est un exemple. Rien que son nouveau look pose problème, sans parler du reste. Le film exprime la crainte devant la Russie se trouvant à nouveau comme dans une époque médiévale, avec une véritable chasse aux sorcières (la réaction grotesque du réalisateur sur l’exhaussement fanatique du pouvoir de l’Église orthodoxe en Russie), faisant resurgir les démons de l’époque des purges de l’époque soviètique. "Zoologie porte sur l’identification de soi-même dans l’espace qui nous entoure", dit le réalisateur. La Russie contemporaine de jeune Ivan Tverdvovski suffoque dans une réalité où l’on ne peut plus se permettre d’être soi-même et où la population est amenée à refuser sa propre identification sous la pression des événements sociaux et politiques.