S’ensuit une bonne demi-heure de course aux urgences de l’hôpital Saint-Louis, qui fait curieusement ressembler le film à un tract Sida Info Services : tout y passe, de l’appel au Numéro Vert dédié à l’explication minute par minute de l’infirmière de garde. Ce n’est pas la partie la plus réussie de Théo & Hugo vont en bateau (dont le titre emprunte au Céline et Julie vont en bateau (1974) de Rivette et qui lorgne, pour le côté temps réel, vers le Cléo de 5 à 7 (1962) de Varda), même si la tension est palpable et rappelle l’engagement louable des réalisateurs pour la lutte contre la maladie (on se souvient du joli Jeanne et le garçon formidable en 1998). Ce qui vient ensuite interpelle plus, juste déambulation dans les rues de l’Est de Paris qui dresse, l’air de rien, la topographie de la ville dans ce qu’elle est aujourd’hui, et telle que les jeunes gens modernes la parcourent : du canal Saint-Martin jusqu’à la place Stalingrad, où l’on s’arrête prendre un kebab servi par un immigré syrien qui a un avis sur le conflit en cours dans son pays ; en attendant le premier métro, où l’on croise la plus toute jeune femme qui part faire le ménage dans les hôtels de luxe. C’est le goût de Ducastel et Martineau pour “le vrai Paris” et “les vrais Parisiens”, tels que le sont eux-même Théo et Hugo, bien conscients du fait que, plus tard, ils se sépareront sans doute mais qui, audacieux, se disent qu’une histoire d’amour, pour l’heure, pourrait valoir la peine.
Théo et Hugo dans le même bateau
Article écrit par Jean-Baptiste Viaud

Naissance de l´amour en temps réel, par Ducastel et Martineau.