Comme leurs ancêtres du Paléolithique
Il paraît que Picasso et Soulages en ont rêvé. Chloé Cruchaudet, Edmond Baudoin, Etienne Davodeau, Emmanuel Guibert, David Prudhomme, Pascal Rabaté et Troubs l’ont fait. Quoi ? Peindre à même les parois d’une une petite grotte transformée en champignonnière, située au cœur du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy dans le département du Lot en septembre 2022. Marc Azéma les a filmés et c’est beau, c’est comme la réalisation d’un geste enfantin, mais sous les yeux bienveillants des autorités locales et certainement du ministère de la Culture. Ça semble un acte subversif, arrogant, mais c’est surtout un geste artistique magnifique et construit qui finit par constituer un bel ensemble. Ensemble en effet, ils ont donné libre cours à leur imagination, ils ont pu s’exprimer en utilisant les techniques et les gestes de leurs ancêtres paléolithiques qui ont orné la grotte du Pech Merle tout près de là. Cette expérience d’art pariétal contemporaine va questionner les origines de l’art et s’avérer riche d’enseignements et de surprises.
De la Préhistoire au street art
Mais bien sûr, ces artistes ne sont pas n’importe qui, ils ont tous certes du talent et une réelle notoriété. Leur travail se complète sur ces parois et donne à voir à la fois la rêverie des hommes du Paléolithique mais aussi, et c’est très étrange, la faconde des street artistes contemporains et c’est très émouvant. Comme si le passé, le présent et – qui sait ? – l’avenir se répondaient et constituaient un grand Tout. Chloé Cruchaudet, Edmond Baudoin, Etienne Davodeau, Emmanuel Guibert, David Prudhomme, Pascal Rabaté et Troubs se sont associés comme par hasard, mais leur travail s’harmonise parfaitement et parvient à réaliser une œuvre d’art qui reprend à la Préhistoire mais aussi à notre monde moderne, et la réalisation n’est bien évidemment pas seulement décorative. Par son montage et ses images, Marc Azéma est parvenu à donner du sens à son film avec l’aide du directeur de la photographie, Maxime Anduze, qui a souvent dû travailler dans l’obscurité de la grotte seulement éclairée par les lampes frontales des dessinateurs. Un beau travail que Marc Azéma définit ainsi dans le dossier de presse du film : « Nous avons filmé dans la grotte à leurs côtés en nous faisant les plus discrets possibles, en évitant toute interaction directe. Nous essayions de capter, de filmer leur intimité d’artistes ou leur collectif. C’était mon parti-pris. De ce fait nous avons tourné avec du matériel léger et avec un éclairage plutôt chaud renvoyant à la lumière des torches ou lampes à graisse paléolithiques. Je voulais les observer, placer ainsi le spectateur à leur côté. Et pour cela, nous avons filmé de manière chronologique pour restituer les dix jours de l’expérience. »
Des stars de la BD d’Angoulême
Et saluons bien sûr au passage les stars du neuvième art qui ont peint chacun à sa manière les parois de ladite grotte maintenant célèbre : Etienne Davodeau (Le droit du sol); Emmanuel Guibert (Le photographe) récemment élu à l’Académie des Beaux-Arts; Edmond Baudoin souvent primé au festival BD d’Angoulême; Pascal Rabaté, également réalisateur de longs-métrages (Les sans dents); David Prudhomme (Du bruit dans le ciel); Troubs (Walden, la vie dans les bois) et enfin Chloé Cruchaudet (Ida).