Carrière ascendante
Orphelin à 16 ans, Paolo Sorrentino, Napolitain d’origine, après des études de commerce vite délaissés, débute dans le cinéma en participant à l’écriture du film d’Antonio Capuano, Les Poussières de Naples. Sa carrière décolle très vite car son premier long-métrage, L’Homme en plus (L’uomo in più) sort en 2001 et obtient le Ruban d’argent du meilleur nouveau réalisateur. Il y fait tourner Toni Servillo qui jouera ensuite dans plusieurs de ses films suivants. Il ira même jusqu’à figurer dans le film de son ami, Nanni Moretti, Le Caïman en 2006. Du reste, Il Divo qu’il réalisera en 2008 portera également sur le thème de la politique italienne en mettant en scène la vie de Giulio Andreotti comme Moretti l’avait fait pour Silvio Berlusconi. Il est maintenant à la tête d’une dizaine de longs-métrages et c’est La Grande Bellezza, oscarisé en 2014 qui va asseoir son prestige et lui permettre de tourner encore quatre films d’importance, au moins au niveau budget : Youth en 2015, Silvio et les Autres en 2018, La Main de Dieu en 2021 et Parthenope sorti mercredi dernier.
Sophia dans le brouillard
Parthenope qu’un certain public français attend avec impatience depuis sa présentation en compétition officielle au festival de Cannes en 2024 ne va pas certainement pas me réconcilier avec Paolo Sorrentino. J’avais détesté La Grande Bellezza, mais je n’avais pas complètement touché le fond parce que son dernier film est encore plus insupportable, c’est dire. C’est le genre de film que je déteste qui fait des chichis et des manières mais qui est complètement creux. Les acteurs sont des espèces de gravures de mode qui prennent la pose parce que personne ne les dirige, et il faut beaucoup d’imagination pour croire que l’actrice qui interprète Parthenope puisse ressembler même de loin et de nuit à Sophia Loren… Elle joue le rôle d’une étudiante en anthropologie mais qui passe son temps à fumer, à boire et à draguer et qui réussit sa thèse haut la main puis devient professeur d’université, après s’être tapé le Monsignore devant un autel consacré qui s’occupe du sang bouillonnant de l’église de San Gennaro à Naples. Pourquoi pas ?, me direz-vous ! Et tu n’as rien compris, c’est un film révolutionnaire, me grondera Télérama. Mais ce scénario étique manque cruellement d’imagination et de profondeur.
Un scénario ni fait ni à faire
On dirait qu’il a été écrit sur le coin d’une table de bistrot avec cependant, en ligne de mire, le grand Federico Fellini. D’ailleurs Paolo Sorrentino continue tranquillement son pillage. Son cinéma guère plus finaud qu’un roman-photo n’est ni plus ni moins que du pillage de Federico Fellini comme pour La Grande Bellezza. Les connaisseurs reconnaîtront des emprunts (pour ne pas dire des plagiats) notamment le défilé ecclésiastique de Roma, la vieille dame très obèse recluse dans sa chambre – mais là ça va être le fils du professeur d’université -, les vieilles bonnes femmes fardées et bijoutées, les soirées, la vanité, l’incommunicabilité, etc. Malheureusement, ce qu’il manque au film, c’est une bonne dose d’humour. Et de Naples, à part quelques ruelles filmées caricaturalement de nuit, on ne voit strictement rien tout comme on ne voyait pas grand-chose de Rome de La Grande Bellezza ! Bon bref, 0 pointé, malgré la présence vers la fin de Stefania Sandrelli, rescapée de la vraie comédie italienne ! Je crois que c’est Paul Valéry qui a écrit : « Maintenant, nous autres civilisations, savons que nous sommes mortelles ». Nous y sommes…