Film choral si l’on veut, Par amour serait plutôt une comédie insérée dans une tragédie. Le film raconte l’aventure d’un groupe de comédiens amateurs qui, avec l’aide de leur professeur, tentent de monter Roméo et Juliette de William Shakespeare. C’est dire si la situation amoureuse passionnée et tragique de nos deux héros vont faire école sur le comportement de ces jeunes et moins jeunes comédiens qui, à leur tour, se brûleront les ailes aux feux de la passion. Par amour, notre Juliette voudrait prendre le voile coranique sous les conseils d’un fils à papa libanais qui quittera les répétitions avant la première. Par amour, le professeur de théâtre rencontrera un vieux gigolo qui lui en fera voir. Par amour, la petite bourgeoise de banlieue tentera d’échapper à l’amour dévastateur d’un voisin qu’elle a failli écraser. Par amour, une professeur de lettres tombera sous le charme de son plombier. Par amour, et cætera.

Rondement mené, comme une ronde sans fin, Par amour est un film sentimental, mais aussi comique et tendre qui ne porte pas de jugement de valeur mais s’achemine vers un happy end qui, même s’il n’est pas complètement inattendu, n’est quand même pas gnangnan. Imbriquées, mais aussi empilées, toutes ces mini-histoires se complètent pour dresser en fait le portrait d’un groupe, d’une classe sociale, d’une partie de la France contemporaine entre émotion et ennui. Le cinéaste parle d’un cinéma mille-feuilles car les histoires qu’il nous raconte, avec un talent certain, sont placées comme des couches successives séparées par une couche d’expérience personnelle et enfin d’une bonne couche de fiction, comme toute bonne recette de cuisine.