Produit par Canana, la société de production de Gael Garcia Bernal, Diego Luna et Pablo Cruz et adapté d’un fait divers, le film de Gerardo Naranjo se veut un instantané de la société plus réaliste que l’image véhiculée par le cinéma, un petit frère mexicain à Slumdog Millionaire en quelque sorte. Miss Bala est entièrement fondé sur son personnage principal jeté dans une situation qui le dépasse. Laura est un témoin et le film s’organise donc autour de son seul point de vue. Les scènes sont longues, Naranjo privilégiant souvent le plan séquence – illusion du temps réel – pour associer directement le spectateur à la tension et l’urgence vécues par le personnage. Laura subit les événements, se laisse porter par eux. Laura vit, mais ne comprend pas réellement ce qui se passe. Manque de chance, le spectateur non plus. Le film manque souvent de clarté, la faute tant à un scénario parfois peu cohérent qu’à un réel manque d’exposition de certains éléments clés et certains enjeux. L’incompréhension de Laura, fil rouge et force du film puisque censée rendre le personnage immédiatement attachant, devient alors une réelle faiblesse pour le film.
Bien mal acquis…
Miss Bala ressemble alors au tout venant d’une sorte de world cinema : social et engagé, petit budget, louable dans ses envies, mais malheureusement dénué de toute personnalité. Le film ne s’éveille que très brièvement dans les séquences du concours de beauté dans lequel le personnage finit par se retrouver parachuté. Illustration parfaite de la corruption comme système social incarné, il montre l’ascension tant souhaitée par une Laura défaite, absente, dont les bleus et les coups ont été maquillés avant de monter sur scène. En ce bref moment, pourtant au plus bas – épuisée, à la merci d’un des plus dangereux trafiquants du pays, sa famille en otage, en deuil de meilleure amie… Miss Bala n’y va pas mollo sur le pathos – un sourire émerge sur son visage. Laura au plus bas tout autant qu’au sommet grâce au trucage du concours l’espace d’un instant semble apprécier les bienfaits que peuvent apporter la corruption quand on se trouve du bon côté de la barrière. Mais l’instant est fugace et la piste n’est évidemment (surtout) pas abordée.

Morale de l’histoire : Laura aurait mieux fait d’écouter son papa et ne pas participer au concours. En tant que spectateur, on lui saurait gré de respecter l’autorité paternelle à l’avenir. Comme quoi, un passage par la pourtant rigoureuse sélection Un certain regard à Cannes, ne suffit pas à faire un bon film.