
L’argument de départ – convoyer un mort dans un environnement hostile en vue de lui offrir une sépulture – pourrait presque évoquer lointainement celui du Fils de Saul (Laszlo Nemes, 2015), sans la dimension absurde ni l’acuité allégorique. Au gré d’un découpage en chapitres à la signification fuyante, le récit se déploie selon une logique d’épure quelque peu poussive, où se télescopent assez scolairement errance physique et trouées mentales. Fortement imprégné de mysticisme, Mimosas peine à donner relief et ampleur à sa vision du sacré et de la foi, que vient pourtant cristalliser un bel et énigmatique personnage, croisement indécis d’idiot, de sage et d’enfant. Le dernier quart du métrage, en s’expurgeant du semblant d’intrigue sur laquelle le récit s’était édifié, trouve un regain d’intérêt : si Mimosas déroute par l’hermétisme de son propos, c’est paradoxalement en assumant ce parti pris jusqu’au bout qu’il convainc le plus. Auparavant, le salut se trouve davantage dans le travail du détail : chevelures soulevées par le vent, bruits de pas sur les sentiers rocailleux, traînées de poussière qui s’évanouissent dans la lumière du crépuscule – autant d’éléments, de l’ordre de la pure sensation, qui animent de l’intérieur la matière même d’un film sans cesse à la recherche de sa propre incarnation.
À lire : l’entretien avec Oliver Laxe, par Jean-Michel Pignol.