
Trop nombreuses et flatteuses apparaissent les sources d’inspiration de David Farr. Le jeu de miroir inversé entre deux blondes archétypales : la femme enfant (Clémence Poésy) face à la femme fatale (Laura Birn) puis l’inéluctable fascination réciproque, on retrouve ici le schéma exploré jusqu’à l’extrême par Barbet Schroeder dans Jeune femme cherche appartement (1992). L’angoisse insidieuse autour de l’arrivée du nouveau-né, les intentions maléfiques de l’entourage rappellent d’autant plus Rosemary’s Baby (Roman Polanski, 1968) que le réalisateur ponctue certains moments d’inquiétude par un thème musical qui ressemble étrangement au lancinant « Sleep Safe and Warm » entonné par Mia Farrow. Plutôt que d’exploiter la veine horrifique, Farr préfère construire un thriller psychologique à partir de situations quotidiennes qui glissent progressivement vers un dénouement inacceptable. Le stratagème pervers mis en place par la doucereuse Teresa, ressemble à s’y méprendre au scénario de La Main sur le berceau (Curtis Hanson, 1988). Cette forte intertextualité ne dissout pas pour autant toute trace personnelle de l’auteur. Metteur en scène de théâtre, David Farr apporte un soin tout particulier à la dimension symbolique des décors et des accessoires, les deux niveaux de la grande maison bourgeoise se distinguent autant que leurs propriétaires respectifs. Une photographie aux couleurs parfois So British imprègnent une atmosphère singulière. La géométrie des lieux est parfaitement maitrisée, les fréquents passages d’un espace large à une image confinée imposent un réel sentiment d’inquiétude.

Une mécanique (trop) bien huilée
La durée du métrage est inhabituellement courte pour ce type d’intrigue : moins d’une heure trente. Pas forcement une mauvaise nouvelle au regard d’une certaine tendance actuelle des cinéastes à souligner leurs intentions et répéter leurs effets pour être surs d’êtres bien compris, à l’instar du récent A Cure For Life (Gore Verbinski). Le format choisi pour filmer London House s’apparente davantage à celui d’un pilote d’une série télé qui susciterait le besoin de poursuivre l’intrigue par la suite. David Farr, qui a travaillé sur la série MI-5 et écrit l’excellente adaptation du roman de John Le Carré, Le Directeur de Nuit, pour la BBC, maîtrise parfaitement l’art de la concision et le sens du timing. Un récit sans redondances, des scènes concises et limpides, des dialogues au cordeau, des interprètes parfaitement raccords avec leurs personnages (mention spéciale pour David Morrissey, le Gouverneur de The Walking Dead) ; London House déroule son programme sans anicroches. Trop facilement peut être. On se laisse tellement porter par les événements que l’on en vient à en prévoir l’issue bien avant le terme. C’est bien dommage. On aurait espéré un surplus de mystère et une moralité plus équivoque, pour relever la saveur d’un plat qui apparaîtra peut être un peu trop réchauffé au goût de certains amateurs de thrillers psychologiques.