Déployant une mise en scène à la fois simple et efficace, le film donne à voir les dérèglements d’une mécanique répressive à l’agonie. Le personnage de Maria Teresa en sera le support privilégié. C’est au premier abord une jeune femme stricte, telle qu’on lui demande d’être dans son travail. Son maintien impeccable se traduit par une attention exacerbée aux détails de son apparence. Mais il y a quelque chose en elle qui résiste à cette rigidité intellectuelle et émotionnelle, qui la conduit à la limite de la perte de contrôle. L’obsession vire alors à la descente aux enfers. Julieta Zylberberg, regard à la fois désirant et apeuré, fait merveille dans ce rôle. Elle compose une Maria Teresa à la limite du terrassement, dont le trouble est immédiatement perceptible à l’image. La caméra joue la carte du huis-clos. Enserrant au maximum son personnage, elle lui interdit toute respiration, portant sur elle le regard implacable de cet œil invisible auquel rien ne peut échapper.
On pourra néanmoins reprocher à Diego Lerman de laisser trop vite de côté quelques pistes simplement entre-ouvertes dans le film et dont un développement plus approfondi aurait sans doute permis de donner à son personnage une plus grande complexité, et peut-être un aspect moins allégorique. Les rapports qu’entretient Maria Teresa avec sa mère et sa grand-mère ne sont ainsi qu’à peine esquissés. Il y avait pourtant matière à faire plus à partir de cette relation qu’on soupçonne étouffante entre trois femmes vivant sous le même toit. Sans doute est-ce là un problème : le cinéaste se contente de ce soupçon qui prend forme très rapidement, puis rien ne vient s’y ajouter. Autre piste apparaissant encore moins à l’image, mais dont on devine assez vite les possibles dans les premières scènes, les personnages de surveillants apparaissant comme assez éloignés socialement des élèves : l’éventuelle relation entre l’exercice d’une autorité particulièrement rigide, voire déviante, et l’expression d’une certaine rancœur de classe. Une hypothèse qui ne sera pas poussée plus avant par le scénario. Le film fait au final un peu trop sien l’autisme de son personnage principal en se contentant d’une approche limitée et en avançant sur un terrain trop balisé d’avance.