Le village aux portes du paradis

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Une autre image de la Somalie entre survie et belle vie !

Premier long-métrage somalien

Présenté entre autres au festival de Cannes 2024, dans la sélection officielle Un certain regard, le premier long-métrage de Mo Harawe est sans doute l’un des plus beaux films de cette nouvelle année 2025. Né à Mogadiscio en Somalie, Mo Harawe est scénariste et réalisateur, d’origine somalienne et autrichienne. Après des études en communication visuelle et en cinéma à l’université Kunsthochschule Kassel, il réalise plusieurs courts-métrages remarqués : Life on the Horn (2022), qui reçoit une mention spéciale au Festival international du film de Locarno et Will my parents come to see me (2022), nommé aux Prix du cinéma européen et lauréat du Grand Prix au Festival de Clermont-Ferrand, du Lola du meilleur court-métrage aux Prix du cinéma allemand et du prix du meilleur court-métrage aux Prix du cinéma autrichien en 2023.

 

 

La vie dans le désert

Réalisé à la porte du désert somalien, un pays dont on parle beaucoup en raison de la guerre civile qui y sévit (le film commence d’ailleurs par des images de la télévision qui montrent en direct une attaque de drones) et des catastrophes naturelles qui ne l’épargnent pas, Le village aux portes du paradis nous montre pourtant d’une belle manière la vie telle qu’elle se passe pour les gens ordinaires, plutôt préoccupés par leur survie, leurs difficultés familiales et leur recherche d’amour ou d’affection. Mamargade, père célibataire, cumule les petits boulots pour offrir à son fils Cigaal une vie meilleure. Alors qu’elle vient de divorcer, sa sœur Araweelo revient vivre avec eux. Malgré les vents changeants d’un pays en proie à la guerre civile et aux catastrophes naturelles, l’amour, la confiance et la résilience leur permettront de prendre en main leur destinée. 

Casting amateur surprenant

C’est une belle idée d’avoir pratiquement tout centré sur l’enfant, Cigaal, très photogénique et expressif dont on suit l’évolution tout du long, ballotté entre son père adoptif et sa tante, ses séjours en pensionnat et ses rares moments de détente avec ses copains comme tous les enfants du monde. Servis par la photographie sublime de Mostafa El Kashef, le film donne une image parfois très tendre sur la Somalie, avec malgré tout ses couleurs, ses échoppes de couture, ses paysages pauvres et désertiques, avec parfois les entrées maritimes d’une belle mélancolie et les moyens de transport rudimentaires tandis que le monde occidental se débat souvent de manière exagérée contre la pollution des véhicules… On retiendra surtout les acteurs – au premier rang desquels le jeune garçon Cigaal interprété par Ahmed Mohamud Saleban – tous non professionnels, à l’exception de l’actrice dans le rôle de la tante qui avait déjà joué dans un court-métrage de Mo Harawe. Il s’en explique d’ailleurs dans le dossier de presse du film : « En dehors d’une personne qui a joué dans mes courts-métrages, ce sont tous des acteurs non professionnels qui se trouvaient devant la caméra pour la première fois. À l’exception de la comédienne qui interprète Araweelo, on a surtout accosté les gens dans la rue pour leur proposer de participer. Mohamed, notre directeur de casting, a fait un boulot du tonnerre. Je passais dix minutes à simplement observer les candidats potentiels. Ensuite, je leur parlais pendant plus d’une heure, en leur posant des questions, et je les regardais dans les yeux pour voir combien de temps on pouvait tenir et si on arrivait à mieux se comprendre et à établir un lien de confiance. Et ça a marché. » Quel beau film, à revoir et à revoir. 

Titre original : The Village Next To Paradise

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Durée : 134 mn


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