
Comme Le Vieil homme et la mer d’Hemingway, La Route est une parabole de survie dans un monde cruel qui ne nous appartient pas. Sur le chemin, les personnages sont plus fatigués, plus désespérés, mais conscients encore que la vie d’un être est un petit miracle. L’homme – à la fois père –sait que son unique raison de vivre, c’est son enfant. Il s’agit aussi du voyage initiatique d’un fils qui va suivre les pas de son père, porter le feu dans son cœur comme une croyance dans la beauté des choses.
Le film semble très soucieux de ne pas choquer le spectateur. Le réalisateur reconnaît ne pas avoir eu le final cut, l’un des producteurs, Harvey Weinstein, surnommé « Scissorhands » (mains-ciseaux) en raison de sa tendance à couper les longs métrages de ses auteurs, étant passé par là … Au final, le résultat ressemble plus à un film Disney.
Malgré les cadavres desséchés et les crânes accrochés qui parsèment la route, le film de John Hillcoat n’a pas la force de Va et regarde de Klimov mais peut-être parlera-t-il aux cœurs des plus jeunes. Hillcoat n’a pas réussi à insuffler une âme à son œuvre, même si Viggo Mortensen est très convaincant dans son rôle, les paysages dévastés par l’ouragan Katrina impressionnants, la photo bien travaillée – d’aspect gris et sale, signée par un talentueux chef opérateur, Javier Aguirresarobe (Vicky Cristina Barcelona, Mar adentro, Les Autres…). On ne peut pas détester complètement le film. Néanmoins, force est de constater que quand on s’attendait à un gros « boum », il n’en ressort au final qu’un petit « plouf ».
