C’est une belle idée donc, ce désir de prolonger de quelques secondes la durée du feu rouge ; ce feu, synonyme de la vie même de tous ces marginaux. On voit bien l’intention que Mendoza poursuit dans ce film. Montrer la très grande misère urbaine de Bogota à travers une petite communauté d’individus, d’amis, qui s’accrochent à ce carrefour comme à une bouée de sauvetage. Pourtant, à aucun moment le film ne transmet une quelconque émotion, ni même d’idée convaincante du délire, de l’anarchie dont le réalisateur voulait imprégner certaines séquences. Aucune émotion ne passe. Mendoza s’attache à décrire le monde du recyclage et son versant mortifère : le Bazuco, drogue bon marché qui fait des ravages. Le réalisateur déclare avoir trouvé de la joie, lors de la préparation du film, là où il ne pensait trouver que de la tristesse, et là ou il pensait trouver de la peur et de la soumission, avoir vu du courage et de la révolte. Cette découverte n’apparaît cependant jamais à l’écran. Les caractères ne sont jamais bouleversants et ce malgré des acteurs tous non professionnels qui vivent dans la rue. Un faux rythme lent et une mise en scène médiocre gâchent aussi un sujet qui aurait pu devenir un bon film et surtout un magnifique documentaire.
La Communauté du feu rouge
Article écrit par Alexis De Vanssay

Premier film raté sur les marginaux de Bogota