Mariam, une étudiante Tunisienne, à la fois enfantine et pulpeuse, s’amuse en soirée. Dans une Tunisie en pleine mutation politique, trépidante, la jeune femme se laisse aller à la vie, aux joies de son âge, à un garçon. Hormis danser, rire et s’amuser avec ses copines, Mariam ne fait rien de choquant pour cette société de l’interdit, du caché. Alors qu’elle repère un beau garçon, la voici prise dans les mailles de la police, agressive, qui la secoue, qui la violente, et dont elle peine à sortir gagnante.

Le film est puissant, en nous tenant en haleine jusqu’aux dernières minutes. On accompagne Mariam sans la juger, en la comprenant, en ressentant presque sa douleur qui se change en lutte contre un pouvoir infâme. La réalisation, originale et haletante, pousse à se laisser embrigader – sans jeu de mots, dans cet enfer éveillé, cette nuit où tout se passe. Impossible d’enlever de nos esprits l’actualité, le présent. Et c’est bien là l’intérêt du cinéma, dépasser les frontières fictionnelles pour arriver sur un terrain de discussion, interroger aujourd’hui, tout en ayant matière à la réflexion. Pari réussi pour cette réalisatrice ancrée dans son époque qui, malgré des maladresses dans certaines scènes, arrive à pousser les portes de la fiction tout en s’imprégnant du réel. Sans être glauque, dans le jugement ou l’accusation, simplement en étant là, dans nos cinémas.