Interview d’Eva Tourrent

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Eva Tourrent, responsable artistique et coordonnatrice de la programmation nous présente la plateforme documentaire TËNK et sa nouvelle offre.

Tënk a déjà 9 ans. Preuve de son succès. Une plateforme uniquement dédiée au documentaire n’était pas un pari gagné d’avance. Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet ?

Effectivement, au départ, c’était un pari artistique, montrer des films que l’on ne voit nulle part ailleurs. Et aussi, un pari géographique, car on est localisé en Ardèche dans un petit village qui s’appelle Lussas. Dans un écosystème qui a par ailleurs une école de cinéma, le village accueille également  depuis 1989 les  États généraux du film documentaire. On est parti avec l’idée d’être non seulement un diffuseur mais aussi de permettre à des films d’exister. C’est le deuxième pilier de Tënk, aider au financement de films documentaires. Aujourd’hui, on mesure le succès, plus de11 000 abonnés, des sociétaires qui prennent part aux projets, et les professionnels qui nous accompagnent. Notre identité est très claire. On est à l’opposé des plateformes qui construisent le choix proposé à leurs abonnés à partir d’un algorithme. On fait confiance à l’intelligence du spectateur.

Notre programmation est faite à la main, par nos soins. Nos abonnés ne s’y trompent pas. On est ailleurs. Notre envie est de montrer d’autres regards sur le monde. On est sur le documentaire d’auteurs, on propose une grande variété d’œuvres et d’approches. Des films sortis récemment en salle, des films du patrimoine, actuellement le réalisateur haïtien  Raoul Peck, et L’amour existe de Maurice Pialat.

Le catalogue des films est riche et varié. Comment s’effectue le choix des titres ?

On travaille avec un comité de programmation de 15 personnes. Les membres viennent d’univers différents, des programmateurs, des journalistes, des enseignants… Cette diversité est très importante pour nous. On fait également appel à des personnes extérieures à la plateforme, c’est dans le cadre des cartes blanches. Actuellement, c’est Ovidie qui nous permet de découvrir  trois films. Au bout de 9 ans on a un catalogue de 1700 films, qui sont à dispositions des abonnés en VOD, qui peuvent les louer pour 2 ou 4 euros selon les titres .

Vous n’êtes pas seulement un diffuseur, mais vous intervenez également dans la production de documentaires.

Oui, à partir d’appels à projets. une quinzaine de films par an grâce à Tënk. On participe au financement en préachetant les films. Cette action facilite ensuite la  levée de fonds auprès des organismes publics et de rentrer dans un parcours de financement et de distribution. De plus, nous mettons à disposition de ces projets nos moyens techniques en Ardèche : bancs de montage, d’étalonnage… On propose un environnement professionnel comme il est très rare d’en trouver. C’est très important pour nous, car certains films ne pourraient pas voir le jour dans les cadres plus traditionnels. Pour les appels à projets, on peut également s’investir dans des films qui n’arrivent pas à s’achever, un jury constitué par nos sociétaires, examinent les rushes et d’autres éléments qui vont nous permettre de sélectionner des films.

Pouvez-vous nous présenter les modalités d’abonnement ainsi que le changement récent de la formule ?

L’abonnement mensuel est à 8 euros (le premier mois à 1 euro,) qui donne  accès à 90 films  Pour les changements actifs dans notre nouvelle formule, on a écouté nos abonnés. On ne change pas la notion de programmation, mais les films vont rester plus longtemps accessibles. On passe à quatre mois (au lieu de deux), ce qui laisse le temps de la réflexion aux abonnés. Prendre le temps c’est  très important dans le monde d’aujourd’hui, où tout va trop vite. Également, le temps que le bouche-à-oreille se développe dans la communauté d’échange qui existe sur Tënk. Parmi tous les films de la sélection, je pense Un film qui reste longtemps, c’est une occasion formidable pour rencontrer son public. Je pense, par exemple, au Balai Libéré de Coline Grando, qui fait se rencontrer les employés de nettoyage d’hier et ceux d’aujourd’hui. En avril on lance également l’application mobile Tënk.

Quelles sont vos ambitions et vos objectifs pour la suite ?

Évidemment,t continuer à conquérir des abonnées et surtout à leur offrir de belles découvertes. On espère que notre plateforme va donner envie aux gens de se rendre en salles pour découvrir d’autres documentaires. Notre ambition est éveiller la curiosité du public.

 

Entretien réalisé par téléphone le jeudi 3 avril 2025. Merci à Eva Tourrent pour sa disponibilité. Ainsi qu’à Thomas et Audrey de l’agence Valeur absolue pour l’organisation de cette rencontre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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