
L’histoire dépeint le rapport entre deux prisonniers partageant la même cellule et que tout oppose. Valentin (Raul Julia) est un prisonnier politique au sérieux et à la rigueur inflexible alors que Molina (William Hurt) est un homosexuel frivole et sautillant qui doit son incarcération à une affaire de mœurs. Les privations, la frustration et la solitude vont pourtant les rapprocher peu à peu et une amitié inattendue va se nouer. Le lien se crée par l’étonnant moyen d’évasion trouvé par un Molina qui mélange personnages et intrigues issus de ses souvenirs cinéphiles pour divertir son codétenu avec un film dans le film, rétro et poétique. A l’insalubrité et l’exiguïté de la cellule répond donc un film d’espionnage élégant où se dessine une figure féminine fantasmatique incarnée par Sonia Braga. Elle est le lien des différentes réalités du film (les trahisons du film imaginaire répondant à une autre bien réelle comme il sera révélé), prêtant ses traits à l’amour perdu de Valentin ou encore celle de l’irréelle femme araignée.
L’analogie avec Gilliam se retrouve dans le lien profond entre les deux hommes qui donne un sens à leur quotidien et va les pousser à tous les sacrifices l’un pour l’autre, tout comme Sam pour Jill. William Hurt offre une prestation sensible et fragile fascinante qui lui vaudra l’Oscar du meilleur acteur et le Prix d’interprétation masculine à Cannes. Raul Julia est tout aussi subtil en activiste dont les failles se dévoilent peu à peu. Leonard Schrader qui avait rompu la collaboration avec son frère Paul (Mishima qu’il a co-scénarisé sera présenté à Cannes la même année) récolte enfin les lauriers avec un magnifique scénario tout en nuances. Les questionnements sur la masculinité, la manière dont une cause politique se confond avec notre personnalité offre des questionnements passionnants de bout en bout. Même si avec le recul la dernière partie hors de la prison s’avère moins convaincante, la magnifique séquence de conclusion permet d’affirmer une dernière fois la filiation avec Brazil. Las des souffrances et des tourments de ce monde, Valentin va pouvoir voguer dans un ultime songe avec son amour retrouvé dans un autre plus paisible, celui de la femme araignée.

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