Les Argentins ont le don de savoir nous faire voyager. De Bombon el Perro de Carlos Sor ín (2004)
, film attachant autour d’un chien qui devient la star des podiums animaliers, à El Aura de Fabi án Bielinsky (2006)
, aventure troublante d’un homme oscillant entre réalité et imagination, le cinéma du pays du tango et du maté tend souvent à faire jaillir sentiments et émotions par le biais d’une certaine simplicité et un regard particulier sur les détails. Dans un pays marqué par les dictatures, avec ses contradictions et ses batailles contre les injustices, c’est par le cinéma que les événements politiques et sociaux ressortent ainsi souvent, en image de fond.

Juan José Campanella, réalisateur de Dans ses yeux, s’attache aussi bien à l’amour, au passé et à la justice dans son film oscarisé. Très accroché à la performance et à la complicité des acteurs, il s’est ici appuyé sur un roman intitulé La pregunta de sus ojos, littéralement « La question de ses yeux ».
Le regard. Traiter d’un moment marquant dans la vie d’un homme, à tel point qu’il y revient une vingtaine d’années après pour écrire un livre, en se fixant comme point de départ le regard. Sans doute un regard sur le passé, un regard à la fois interrogatif et suspicieux, qui remet en cause l’établi, le défini, pour mieux interroger le présent, appréhender le futur. Il aura fallu plus d’un an et demi au réalisateur, aidé de l’auteur du roman, pour écrire ce scénario à la fois subtil et étonnant.
Tout comme d’autres réalisateurs argentins, tels qu’Alejandro Chomski, Luis Puenzo – qui a lui aussi obtenu l’Oscar du meilleur film étranger pour L’Histoire officielle en 1986 – Campanella s’appuie sur un contexte politique et des particularismes de son pays pour créer son décor, établir son action. Le film, sur base de téléphones vintages et de meubles couleur vert vieillis, de draps orange flashy et de voitures typiques des années 70, donne véritablement cette impulsion et ce passage du passé au présent, de la réflexion à l’action, des souvenirs aux possibilités de faire.
Reste donc, à travers ce film, la question perpétuelle de la mémoire. Une mémoire individuelle, une mémoire collective, une mémoire qui perturbe, qui choque, qui remue les moindres souvenirs, sentiments, sensations. Et si j’avais agis comme ça, la situation aurait été différente aujourd’hui ? Pourquoi ai-je retenu mes sentiments alors qu’au fond de moi, je n’ai pu vivre qu’en apnée jusque là ? Dans ses yeux, une belle ode à l’action sentimentale, au rêve enfin vécu…
Dans ses yeux, de Juan José Campanella, disponible en DVD depuis le 22 septembre 2010.
édition : M6 Vidéo / distribution : Warner Home Vidéo
Spécificités techniques DVD :
Langues : espagnol, français
Sous-titres : français
Formats sonores : Dolby Digital 5.1, stéréo
Format : 2.35 – 16/9 comp. 4/3 – Couleur
Durée : 130 mn env. + Bonus
Critique du film lors de sa sortie ici.