Covas do Barroso

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Chronique d’une lutte collective aussi sincère que confuse

La communauté de Covas do Barroso, au nord du Portugal, découvre qu’une entreprise britannique envisage d’implanter sur ses terres la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Europe. Pour protéger la montagne, les habitants décident de faire face.

Covas do Barroso est un objet hybride étrange, difficile à cerner. S’agit-il d’un documentaire ? D’une fiction ? Il faut attendre la fin du film pour qu’un carton nous indique qu’il s’agit d’une reconstitution de la lutte ayant opposé, ces dernières années, les habitants du village à la société Savannah Resources. Sans doute eût-il mieux valu l’indiquer au début, car le visionnage s’en trouve affecté.

Le réalisateur, Paulo Carneiro, prend le parti pris de filmer à la façon d’un western. L’idée est amusante, et le lien thématique évident : celui de la lutte pour la défense d’un territoire contre l’envahisseur. Malheureusement, cela s’en tient à quelques trouvailles de mise en scène qui ne dépassent jamais le cadre formel et occultent le propos du film. Comme le dit Carneiro, si l’on se rend à Covas do Barroso, nous ne verrons aucun combattant, aucun signe de lutte, aucun champ de bataille. L’affrontement des habitants est majoritairement administratif. À défaut de revolvers, ils combattent Savannah Resources à coups de lettres et d’emails, ce qui n’a rien de très intéressant visuellement. Pour autant, cette lutte quotidienne concrète se voit tellement évincée par les fulgurances fictionnelles de la mise en scène que l’artificiel finit presque par se substituer au réel.

Le film s’est écrit au fur et à mesure des sessions de tournage, mais le processus a manqué de rigueur. L’ensemble est confus, manque d’unité, on perd le fil. Plus qu’un film sur la lutte, Covas do Barroso est un portrait du village et de ses habitants. On nous donne à voir un ensemble de scènes de vie, au fil des saisons, sans réelle progression. Quelques informations sur la situation nous sont données, distillées çà et là, mais ne nous permettent pas de nous faire une idée précise des différents enjeux. Covas do Barroso semble destiné à ceux qui sont déjà bien au fait du sujet, et peinera sans doute à rallier de nouvelles personnes à la cause. Le film, que l’on pourrait qualifier de docufiction expérimental, navigue sans cesse entre ces trois registres sans pour autant parvenir à tirer parti d’aucun d’entre eux. Le résultat final a beau être sincère et défendre une cause juste, il n’en demeure pas moins brouillon et son propos, mal exposé.

 

Titre original : Covas do Barroso

Réalisateur :

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Pays : ,

Durée : 77 mn


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