Au début du film, on voit le jeune Jay au bord de l’eau compter à voix haute le temps qui s’écoule entre chaque déferlante. S’intéresser à la fréquence de la houle n’est pas vraiment banal pour un petit garçon d’à peine 10 ans… C’est par cette séquence que Curtis Hanson inaugure le biopic du jeune Moriarity, surfeur surdoué qui a trouvé la mort en 1994 dans un accident de plongée. De l’histoire de ce dernier, le scénario de Chasing Mavericks semble être resté très proche. Pourtant, le récit du film est un peu surfait, un peu artificiel en définitive, à l’instar du personnage central, Jay, campé par le nouvel éphèbe blond du cinéma américain, tout en muscle, qui tranche avec le vrai Moriarity, brun, d’allure plutôt modeste, que l’on voit apparaître sur un film d’archive au générique. Tout se passe comme si le déroulement de l’histoire ainsi que son épilogue étaient prévisibles.

Le dispositif mis en place est trop évident, la positivité des personnages systématique. Jonny Weston incarne le dépassement de soi et rien ne l’empêchera d’atteindre son but ultime : surfer la plus grosse vague du monde. Ainsi Jay va demander à une gloire du surf local (Gerard Butler) de l’entraîner à surfer le Maverick’s Point. Tout le canevas du film tient dans ce rapport entre le maître et l’élève, l’apprenti et son mentor. Cette relation, au début difficile, va devenir une amitié voire une relation filiale, gagnée dans cette geste émouvante de la transmission. Pourtant, malgré cette belle idée, l’action est cousue de fil blanc, sans surprises. Nous ne pouvons nous empêcher de penser à d’autres liens de ce type relatés à l’écran de manière bien plus convaincante, comme celui qu’entretient Frankie Dunn avec Maggie dans Million Dollar Baby (2005) de Clint Eastwood. L’existence de notre jeune prodige n’est certes pas un champ de roses ; il n’a pas connu son père et vit seul avec sa mère qui a un penchant pour la bouteille. Mais tout cela est un peu lisse. Il y a aussi la mort de Brenda, la femme d’Hesson qui malgré la très belle interprétation d’Abigail Spencer, ne parvient pas non plus totalement à nous émouvoir.
Toutefois, ce récit un peu prévisible et calibré, est plaisant, rythmé – grâce à un festival de séquences de surf de toute beauté. Nous sommes régulièrement plongés dans les grosses vagues, véritables montagnes d’eau déferlantes. Ces dernières sont parfois filmées depuis l’arrière de la vague, à son sommet, lorsqu’elle éclate, ce qui offre un point de vue sur le phénomène inhabituel… On peut se demander jusqu’où les réalisateurs et leur équipe technique sont allés dans la prise de risque afin de filmer les surfeurs aux prises avec cette houle colossale et parfois meurtrière ; quelle est la part des images de synthèse dans ce travail ? Quoi qu’il en soit, le résultat est magnifique, très crédible et culmine avec un final très réussi.