Visions d’enfance

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Le coin du Cinéphile se place cette semaine à hauteur d´enfant.

L’enfance est un thème passionnant à dépeindre et revisiter de par les possibilités et sentiments qu’il procure. Les réussites littéraires et cinématographiques qui y avaient traits dévoilaient ainsi tout l’aspect révélateur de cet âge singulier de la vie. Simple nostalgie et vision d’une candeur oubliée, métaphore du monde des adultes ou reflet social par le plus innocent des regards, les exemples ne manquent pas. Les lecteurs d’hier et d’aujourd’hui de Sa Majesté des Mouches, de La Guerre des Boutons, de Tom Sawyer ou d’Alice au pays des merveilles, pour n’en citer que quelques-uns, acquiesceront.

Au cinéma les tentatives se firent toutes aussi diverses et variées. Luigi Comencini en usa notamment dans sa grande trilogie consacrée où se suivaient L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise et Les Aventures de Pinocchio. Le second est un récit cruel sur la perversion d’un monde et au final d’une âme pure, le troisième illustre superbement la morale du conte de Collodi mais c’est bien le premier, L’Incompris, délesté des grands sujets, qui en s’attachant à un bouleversant deuil maternel offrait un des plus beaux mélodrames qui soit. Tout aussi intense, Les Quatre cents coups de Truffaut éveillait des émotions à vif par son énergie et l’aspect autobiographique de la propre enfance tumultueuse du réalisateur. Le monde réel pouvait également se révéler dans toute son incompréhension pour les chérubins découvrant son injustice, que ce soit dans le racisme Du Silence et des ombres de Robert Mulligan ou dans son magnifique pendant anglais Le Vent garde son secret, où la religion affichait ses contradictions. Ozu fut un des plus caustiques et tendre observateur de cet âge de la vie dans son diptyque Bonjour / Gosses de Tokyo tandis que l’innocence joyeuse d’une certaine littérature a cours dans le classique anglais The Railway Children. Enfin, le passage à l’âge adulte et les récits initiatiques aboutissaient à de superbes visions dans le film d’aventure Les Contrebandiers de Moonfleet ou dans l’odyssée miniature et tendre que fut Stand By Me. Le champ est vaste et nous avons dans cette sélection essayé, du grand classique à la pépite plus obscure, d’en donner à notre échelle un aperçu .

Bonne lecture avant un prochain thème consacré à Peter Weir.


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