Parents divorcés ou morts, mères courages versus pères démissionnaires, exaltation des sentiments à un âge compliqué (“on ne sera plus jamais aussi jeunes qu’à cet instant précis”, dit Sutter à Aimee), les enjeux sont un peu trop programmatiques pour pouvoir s’y intéresser tout à fait. Le pitch – écrit par les scénaristes de l’atroce (500) jours ensemble (2009) – évite pourtant la catastrophe en donnant le temps à ses deux personnages : si Aimee et Sutter sont placés dans des situations aussi rabâchées qu’anodines (un bal de fin d’année, une première fois, un dîner de famille), le film leur laisse l’occasion de se dessiner, sans les juger. Ainsi, The Spectacular Now observe son couple central sans le brusquer, l’occasion pour les deux acteurs de déployer une palette d’émotions plutôt étendue pour le genre. Aimee et Sutter ne sont jamais caricaturaux, mieux, on croit à la manière dont ils évoluent, ni timorée ni particulièrement hardie, mais en suspens dans cette période trouble de l’adolescence.

L’argument principal (en gros, “la vie c’est l’instant, rien ne compte d’autre, ni l’avant ni l’après”) épuise, The Spectacular Now parvient cependant à charmer à plusieurs reprises grâce à une photo soignée (belles lumières d’automne, cadres à hauteur de l’ennui des petites villes de Géorgie) et à ses interprètes, proprement excellents. Shailene Woodley (la fille de George Clooney dans The Descendants, 2012) et Miles Teller (l’assassin par accident du fils de Nicole Kidman dans Rabbit Hole, 2011) jouent leur partition avec un naturel assez déconcertant. Ils ont reçu, pour leur prestation, le prix spécial du Jury au dernier festival de Sundance : ce n’est que justice pour la facilité avec laquelle ils s’emparent d’une période qu’ils ont connue récemment pour nous faire croire que pour eux, et malgré un final convenu, la vie débute maintenant.