The pleasure of being robbed

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Si l´histoire de The pleasure of being robbed peut séduire – l´errance d´une jeune femme vivant le temps présent, la liberté -, si l´aspect expérimental de la réalisation est propre à un petit film indépendant new-yorkais, reste que l´ensemble est trop lent et trop ésotérique pour convaincre vraiment.

Eléonore se ballade dans les rues de New-York et chipe par-là par-ci les affaires de ses concitoyens ; sac, grain de raisin, liasse de billets et photos, tout passe dans ses poches mais la kleptomane est souriante et vit le vol comme un échange, voire la recherche d’une petite place dans le monde. Au hasard d’une de ses errances, elle rencontre son ami Josh qui lui apprend à conduire une voiture fraîchement dérobée. Les deux jeunes, portés par un carpe diem insouciant, partagent un bout de route ensemble…

Dans son envie de capter la poésie d’une jeune femme vibrant à l’instant présent, le parti pris du réalisateur Joshua Safdie est double. D’une part, techniquement, le film est tourné quasiment comme un documentaire, la lumière est crue, le maquillage banni, le grain épais. D’autre part, la grande liberté que s’enjoint de vivre Eléonore est narrée de manière très contemplative, au fil des étapes de ses menus larcins et des visages des quidams volés.

Or, malgré l’originalité de la mise en scène, pas inintéressante du tout dans son flirt avec l’amateurisme, The pleasure of being robbed peine à dépasser l’abstraction de son esthétisme théorique et visuel. On saisit sans peine qu’Eléonore (Eleonore Hendricks) doit charmer par son côté petite âme paumée mais spontanée et lumineuse, et que le réalisateur, soit le personnage de Josh, « a son cœur volé » par la jeune fille. Néanmoins, la naïveté ambiante s’étiole un peu au fil de l’histoire et doucement des longueurs supplantent l’intérêt des scènes (la très longue mise en place, dans la voiture, ou un interminable plan sur une grappe de fleurs). Si l’intention pouvait séduire le spectateur, ce dernier se sent au fur et à mesure rejeté d’une histoire racontée sans lui. La grande sensibilité des personnages, entre futilité du temps et sincérité d’être, n’émeut plus vraiment et finit presque par énerver – avec l’impression que le message devient leçon.

A leurs désirs de rencontres simples et authentiques, de soi-même et des autres, le réalisateur et la comédienne laissent un sentiment d’inachevé. Gagnant à être plus généreux, il ne manquait pas grand-chose pour que The pleasure of being robbed aille réellement à la rencontre du public. Reste que, premier film d’un cinéaste de 24 ans, il ne vole pas la promesse d’un cinéma plein d’avenir.

Titre original : The Pleasure of Being Robbed

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Durée : 70 mn


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