The Informant!

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Vous n´avez sûrement pas manqué l´affiche de « The Informant! » : un personnage à lunettes et moustache, souriant et propre sur lui, dépassé affreusement par son ombre qui hurle au scandale !

Imaginez Matt Damon avec une quinzaine de kilos en plus, des prothèses dentaires, une moustache maladivement parfaite et des lunettes old school. Vous voici face à Mark Whitacre, cadre supérieur du géant agro alimentaire ADM – Archer Daniel Midlands. Ce cher Mark incarne l’employé modèle. Il obéit à ses supérieurs sans se plaindre, boit son café apporté délicatement par sa secrétaire, a une femme nommée Régina qui s’occupe de leur petite tête blonde et prépare de bons repas. L’action se passe dans les années 90, avec pour décor des bureaux poussiéreux et jaunis, des pulls en laine kakis, des pantalons de velours. Au centre du film, Mark Whitacre, héros des temps modernes,  détenant un secret qu’il confiera, au nom de la vérité, à Brian, gentil agent du FBI – incarné par Scott Bakula, l’acteur de Code Quantum.

La vérité a parfois ses vices. Ecouté, sollicité et incité à parler, Whitacre entretient avec Brian une relation de confiance. Il hésite même à l’appeler « Bri », aller à la pêche avec lui et témoigner de sa gentillesse à ses proches. Devenu une véritable taupe, notre employé entre dans la peau d’un véritable agent secret – où agent 0014, deux fois supérieur à 007. Les dialogues s’enchaînent autour de tables rondes, l’enquête est lancée. Sauf que voilà, il n’y a aucune « action » dans ce film. Le spectateur reste devant l’écran simple  témoin de conversations mouvementées, l’action de la parole ne réussissant  pas à amoindrir l’ennui visuel.

Matt Damon est impressionnant, Steven Soderbergh ayant au moins le mérite de lui avoir attribué un premier rôle lui convenant parfaitement. Le scénario, adaptation fidèle du best seller de Kurt Eichenwald (The Informant : A True Story), tient la route. Que manque-t-il donc pourtant à ce film ? Entre drame et  comédie, il est difficile de s’intéresser réellement à l’histoire. Les effets graphiques version 70’ et la musique – excellente –  ne suffisent pas à provoquer l’emballement. Deux ou trois répliques de Whitacre font sourire, mais cela s’avère insuffisant pour tenir presque deux heures devant ces scènes de dialogue.

Au final, un film agréable mais loin d’être exceptionnel. On note de nombreuses ressemblances avec Erin Brockovichremember Julia Roberts –, le film qui a fait le succès de Soderbergh : un citoyen banal crée un soulèvement contre l’emprise de patrons sur un marché rentable. Sauf qu’ici, malgré la belle prestation de Matt Damon, les spectateurs s’attachent difficilement à ce personnage parlant plus vite que son ombre. Bête, malade ou tout simplement trop bavard, Mark Whitacre suscite plus la pitié que l’admiration. Petit bonus donné par le film, malgré ces réserves : vérifiez combien de vos aliments contiennent du maïs ou ses dérivés, vous serez surpris…

Titre original : The Informant!

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Durée : 107 mn


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