Robin des bois

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Du brigand anticapitaliste en collants verts, on pensait tout connaître. En s’intéressant à la genèse d’une légende, Ridley Scott orchestre une superproduction efficace et cinéphile et s’impose comme le maître du péplum médiéval.

Du brigand anticapitaliste en collants verts, on pensait tout connaître. On l’avait découvert effronté et charmant dans la version Disney (1973), romantique chez Michael Curtiz (1938), vieillissant dans La Rose et la flèche de Richard Lester (1976), déjanté chez Mel Brooks (Sacré Robin des bois, 1993), sombre Prince des voleurs sous les traits de Kevin Costner dans le film de Kevin Reynolds (1991). Que restait-il à Ridley Scott pour occuper la Croisette deux heures et demie durant en ouverture du Festival de Cannes ? Révéler l’enfance du héros, la genèse d’une légende : reprenant une combine efficace des films de super héros (Batman begins), le réalisateur britannique a fait de son Robin des bois un « prequel », un prologue au « véritable » récit.

Archer d’élite mais pas encore hors-la-loi, Robin Longstride (Russel Crowe) est au service du roi Richard dont l’armée n’en finit pas de rentrer en Angleterre, attaquant tous les villages français sur sa route. Cœur de lion est tué durant le siège d’un château limousin et, par un mauvais concours de circonstance, Robin écope de la mission de ramener sa couronne au pays, ainsi que l’épée d’un autre camarade mort au combat, Sir Robert Loxley, de Nottingham. Là-bas, il y rencontre sa jolie veuve, Lady Marian (Cate Blanchett) et prend la tête d’une ligue de barons contre le nouvel occupant du trône, l’incompétent et absolutiste Jean-sans-terre. Quant au vrai méchant de l’histoire, ce n’est plus le shérif de Nottingham (un poltron corrompu), mais le charismatique et ténébreux Godefroy (Mark Strong), qui complote avec la France en vue du débarquement de Philippe Auguste (Jonathan Zaccaï) en Angleterre…

Pragmatique, Ridley Scott a veillé à ne pas trop restreindre le champ de son public : son film est sanglant, mais pas sanguinolent. Et peu importe que le scénario de Brian Helgeland prenne tant de libertés avec l’histoire et sa chronologie ou que la France en prenne violemment pour son grade : cette superproduction dépourvue de temps morts est cinéphile, en plus d’être efficace (et commerciale). Riddley Scott aime filmer la guerre, les combats virils et les muscles tendus de Russel Crowe : on le sait depuis Gladiator (2000). Avec Robin des bois et après Kingdom of heaven, il s’impose comme le maître d’un nouveau genre, le péplum médiéval.

Habilement (même si cela fait sourire), il transpose en plein XIIIe siècle nos préoccupations contemporaines (l’inflation, la crise…) et donne à Robin la stature d’un Obama de la forêt de Sherwood (quand les Français sans scrupules se comportent en tortionnaires des petites gens). Estourbis par tant de considérations politiques, on en oublie de regretter le peu de flèches décochées contre les ennemis du peuple. Jusqu’à ce qu’à la toute fin du film, l’une d’entre elles vienne se planter dans l’orgueil d’un notable corrompu. Le premier d’une longue liste. Un héros est né.

Titre original : Robin Hood

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Durée : 140 mn


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