Psychose

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Après La Mort aux trousses, Hitchcock continue à casser le box office avec Psychose (Psycho. Voici même l’un des films les plus rentables du cinéaste, puisqu’il a coûté 800 000 dollars pour en rapporter 20 millions. Il faut dire que le cinéaste met en scène une histoire diaboliquement efficace, dont le suspense se met au service d’une tension permanente.

L’histoire, scindée en deux parties, est devenue légendaire, tout comme certaines séquences (celle de la douche) et la partition musicale, évidemment signée par Herrmann. Mais tout cela ne doit pas nous faire oublier que sous ses airs de « blockbuster » et de film grand public, Psycho reste avant tout l’œuvre d’un cinéaste préoccupé par ce qu’il appelle le « cinéma pur » . La structure du film est admirable : « La construction du film est très intéressante, c’est mon expérience la plus passionnante de jeu avec le public. Avec Psycho, je faisais de la direction de spectateurs, exactement comme si je jouais de l’orgue » (Hitchcock, in Hitchcock – Truffaut, édition Definitive, p. 231).

Psycho peut se comprendre sur la face cachée et obscure de l’homme : en mettant en lumière le côté maléfique de Norman Bates, le personnage principal du film, c’est comme s’il s’insinuait dans la psyché du spectateur. « Psychose est un film qui s’incruste dans l’esprit du spectateur » . L’objectif de la caméra devient l’œil du spectateur de façon encore plus subtile peut-être que dans Fenêtre sur cour : l’utilisation des travellings avant nous rend plus proche et plus intime des personnages et les jeux de miroirs nous placent en véritables « objets du film ». Ces jeux de miroirs ont aussi pour effet de donner plus de force à ce récit traitant d’une personnalité pathologiquement dédoublée. Au fond, Hitchcock veut nous montrer que nous tous aussi nous avons plusieurs personnalités, que nous sommes tous des êtres duels… En allant plus loin encore, Psycho nous montre que toute âme humaine est potentiellement sujette au vice et à la destruction, au voyeurisme, au vol, le viol, au meurtre…

Hitchcock joue avec le spectateur en forçant son adhésion aux différents points de vue des personnages. Au début du film, notre sympathie va à Marion et à son idéal romantique. Marion ne souhaite qu’une chose : vivre heureuse avec Sam. Pour cela, elle doit voler 40 000 dollars. Le spectateur, en cautionnant ce vol, devient son complice. Toute la subtilité d’Hitchcock est ensuite de transférer l’adhésion du spectateur de Marion à Norman. Norman nous est présenté d’emblée comme garçon timide et opprimé par sa mère (cf. la première discussion entre lui et sa mère, alors que Marion vient d’arriver au motel). Il constitue un peu la figure du jeune et séduisant Américain à la gaucherie attendrissante. Mais, dernier revirement de situation, lorsque l’on découvre son ignoble vérité, il nous fait horreur. Norman est en fait complètement dévoré par son passé, par sa mère défunte qui revient d’entre les morts pour prendre possession de lui (un peu à la manière d’un autre film du cinéaste, Rebecca). Notre sympathie va alors à la sœur et à l’amant de Marion, menant tous deux l’enquête pour la retrouver.

Psycho est un film qui mérite d’être vu et revu. A la première vision, on est frappé par l’intensité du suspense. Les autres visions nous rendent admiratif du sens du détail du réalisateur. Comme le dit Hitchcock, Psycho est un film « pur » : « Dans Psycho, le sujet m’importe peu, les personnages m’importent peu. Ce qui m’importe, c’est que l’assemblage des morceaux de film, la photographie, la bande sonore et tout ce qui est purement technique pouvaient faire hurler le public. Je crois que c’est une grande satisfaction pour nous d’utiliser l’art cinématographique pour créer une émotion de masse. Et, avec Psycho, nous avons accompli cela. Ce n’est pas un message qui a intrigué le public. Ce n’est pas une grande interprétation qui a bouleversé le public. Ce qui a ému le public, c’était le film pur » (in Hitchcock – Truffaut, edition définitive, p. 241).

Titre original : Psycho

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Durée : 109 mn


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