Pas de printemps pour Marnie

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Dernière œuvre de la période faste de Hitchcock, ponctuant plus d’une décennie de grands films, Pas de printemps pour Marnie (Marnie) est divise l’opinion. Certains estiment que c’est là un film terne et inutilement stylisé, lui préférant les intrigues moins ambiguës et plus rythmées de La Mort aux trousses ou L’Homme qui en savait trop […]

Dernière œuvre de la période faste de Hitchcock, ponctuant plus d’une décennie de grands films, Pas de printemps pour Marnie (Marnie) est divise l’opinion. Certains estiment que c’est là un film terne et inutilement stylisé, lui préférant les intrigues moins ambiguës et plus rythmées de La Mort aux trousses ou L’Homme qui en savait trop par exemple. D’autres y voient une œuvre brillante, dernier volet d’une trilogie débutée avec Psychose (1960) et poursuivie avec Les Oiseaux (1963). Quoi qu’il en soit, il constitue avec Vertigo le film le plus tortueux et torturé du cinéaste.

Le film est adapté du livre de Winston Graham, un choix quelque peu surprenant : « J’aimais surtout l’idée de montrer un amour fétichiste. Un homme veut coucher avec une voleuse parce que c’est une voleuse, comme d’autres ont envie de coucher avec une Chinoise » (Hitchcock in Hitchcock – Truffaut, édition Definitive, p. 257). La principale différence avec le roman est le point de vue adopté. Le livre était écrit à la première personne tandis que dans le film, un point de vue double est utilisé : celui de Marnie, mais également un point de vue extérieur. L’équilibre du film réside dans un mouvement de balancier entre adhésion au point de vue de la protagoniste et recul par rapport à ce qu’elle ressent. Seconde différence d’importance, dans le roman, c’est un psychiatre qui guérit Marnie. Dans le film, c’est Mark, homme de pouvoir, nouveau patron de Marnie, qui joue ce rôle.

De nombreux critiques estiment que Pas de printemps pour Marnie est le dernier volet d’une trilogie composée par Psychose et Les Oiseaux. Le fil directeur de la progression de ces films serait de montrer différentes perceptions et variations sur le thème des interdépendances humaines. De manière plus pragmatique, tous trois mettent en scène des personnages principaux analogues. Marion serait même la synthèse de Marion Crane et de Norman Bates, deux personnages de Psychose. Comme Marion, Marnie est une voleuse cependant suffisamment belle et sympathique pour que le spectateur adhère à sa cause. Comme Norman, elle son comportement a été vicié, « déformé » et « perverti » par la relation à sa mère, devenant une névrosée impulsive. Enfin, on remarquera que Marnie est la contraction des prénoms de Marion (Psychose) et Melanie (Les Oiseaux).

Pas de printemps pour Marnie constitue quoi qu’il en soit un condensé d’éléments provenant de précédents films du cinéaste. On retrouve notamment un peu de Vertigo : Madeleine se jette dans la baie de San Francisco pour se suicider, Marnie dans une piscine. Et surtout tous ces films évoquant la négation et le trouble de l’identié : L’Inconnu du Nord Express, Sueurs froides, La Mort aux trousses, Psychose et Les Oiseaux. Pas de printemps pour Marnie cerne également le problème du traumatisme psychique de manière bien plus subtile que ne le faisait Spellbound (La Maison du Docteur Edwardes) car ici, il est guéri non grâce aux miracles de la psychanalyse mais par la douloureuse confrontation avec le passé. Cette guérison s’effectue autant par l’intervention de personnages secondaires que par la résurgence de souvenirs de la jeune femme.

Pas de printemps pour Marnie est une œuvre troublante et inquiétante. Un film « difficile pour le public en raison de son atmosphère assez triste, plutôt étouffante, un peu comme un cauchemar » (Truffaut, idem p. 258).

Titre original : Marnie

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Durée : 130 mn


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