Obscénité et vertu (Filth and Wisdow)

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En voyant ce genre de film, on ne peut encore une fois que se rendre compte de la difficulté de faire du cinéma. Et que cela nous rende plus humbles encore…

En fait, nous nous garderons bien de crier haro sur le baudet, en l’occurrence la célèbre reine de la pop, j’ai nommé Louise Ciccone, cette grenouille qui, à force de vouloir se faire plus grosse que le bœuf, est maintenant au bord de l’explosion. Mais nous avons dit que nous serions gentil. En fait, ce film n’est pas complètement nul et je vais hurler avec les loups du Figaro qui, depuis que la Madone a lancé sa culotte à Chirac au Parc de Sceaux, se croient obligés de lui trouver du talent. Il faut dire qu’en ces temps troublés de laïcité positive, nous sommes presque tenus de trouver du génie à n’importe quelle image sainte : Madonna et Carlita en tête.

Alors, trêve de plaisanterie, trouvons des qualités à ce film qui, d’ailleurs, n’en manque pas. Il est plutôt bien interprété, quoique mal éclairé et mal fagoté, et les acteurs (trices) ne s’en sortent pas trop mal, en fait. On se demande d’ailleurs où la Madone est allée les chercher : Gogol Bordello, l’Ukrainien de service, est tout de même plus sympathique que Michael Youn et Borat réunis et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle ! La musique, de son groupe apparemment, est plutôt pas mal non plus, et on ne s’ennuie presque pas. Certains spectateurs, groupies invétérés de Madonna, sont pourtant partis avant la fin…

À part ça, que dire de ce pauvre film, sinon qu’il lui manque le principal : un scénario. Cette fille blonde a un peu trop la grosse tête et prend ses admirateurs pour des gogos en pensant qu’ils vont tout gober. Or, il ne suffit pas d’appeler au secours d’une inspiration défaillante Londres, Emir Kusturica et ses accordéons tziganes, Vincent Gallo et surtout John Waters pour faire un bon film. Certes, Madonna vient de fêter ses cinquante ans en France lors d’un spectacle pyrotechnique où elle nous a démontré par a + b qu’une cinquantenaire normalement entretenue pouvait très bien s’exhiber en public et en porte-jaretelles (attention zeugma !) sans être trop ridicule. Merci le stretching, mais enfin ça ne fait pas tout et la jeunesse n’est hélas pas éternelle, bien que toujours davantage que la célébrité.
Dans ce film, se prenant pour une philosophe de Yale (ou de la Sorbonne, car depuis mes vingt ans, les universitaires ont aussi bien changé), citant Nietzsche et Kierkegaard, la Madone se prend pour une intellectuelle mettant en scène un remake du marquis de Sade pour nous assener des vérités premières dignes du certificat d’études que même l’ignoble marquis (de Sade) n’aurait pas eu le culot de proférer. Bref, un ramassis d’images chocs style porno chic qui ne choquent plus personne à part peut-être Benoît XVI, glanées dans l’underground et la culture générale pour les Nuls, voici une Madonna qui se scratche comme les avions sans ailes qui encombrent le ciel, prouvant si c’était nécessaire que l’art n’a rien à voir avec le capitalisme finissant et qu’on ne peut leurrer ad libitum son public, surtout français.

Un seul cri, sauf Le Figaro tiens, tiens !, s’élève pour faire taire cette blonde gueularde, clone cicciolinien de Marlene Dietrich dont les rendez-vous avec le cinéma (et je cite mon confrère Gilles Renault sur Libération de ce mercredi 17 septembre 2008) n’ont été que « des promesses non tenues ». « Obscénité et Vertu, poursuit-il, possède, avec sa tournure arty, toutes les caractéristiques pour décourager la fan base profilée NRJ et indifférer le reste de la population. » Le meilleur reste à faire, mais chère Madone, vous semblez avoir du pain sur la planche en quelque sorte, sauf à vous associer à de vrais cinéastes… Moi, par contre, j’aime bien quand les fausses idoles font tout pour se démystifier. Face à ce pétard mouillé, on en viendrait presque à regretter Desperately Seeking Susan

Titre original : Filth and Wisdow

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Durée : 80 mn


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