Lincoln

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Un petit Spielberg mais un Spielberg quand même, associé pour la première fois à l’un des plus grands acteurs anglo-saxons, Daniel Day-Lewis.

Le moins qu’on puisse dire sur Steven Spielberg, c’est que le réalisateur peut se vanter d’une filmographie particulièrement variée et éclectique. En effet, on pourrait presque scinder son œuvre en trois catégories, entre lesquels le cinéaste vacille régulièrement, lui permettant entre autres de pouvoir se renouveler et de ne pas stagner dans un genre ou un registre particulier. Ainsi, parmi ces trois catégories, on distingue le divertissement familial à grand spectacle (la série des Indiana Jones ; Jurassic Park, 1993 ; Minority Report, 2002 ; Tintin, 2011), le film personnel et intimiste (E.T. l’extra-terrestre, 1982 ; Always, 1989 ; A.I, 2001 ; Arrête-moi si tu peux, 2002) et pour finir, le film dit « sérieux » et à sujet historique (L’Empire du soleil, 1987 ; La Liste de Schindler, 1993 ; Amistad, 1997 ; Il faut sauver le soldat Ryan, 1998). Son dernier long métrage, Lincoln, appartient bien évidemment à cette dernière catégorie. Sorti aux États-Unis en pleine lutte électorale entre Obama et Romney, le personnage principal du film détient notamment d’étranges résonances avec le cinéaste en question et ses convictions personnelles.
 
1865. Les États-Unis d’Amérique sont divisés en deux : le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste. Élu au pouvoir par les Américains, le président Abraham Lincoln (Daniel Day-Lewis) tente de faire voter le 13e amendement pour abolir l’esclavage et mettre fin à la guerre civile.

Projet que nourrit Spielberg depuis plus d’une dizaine d’années (avec Liam Neeson à l’origine dans le rôle-titre puis Tom Hanks), le scénario du film, écrit par le dramaturge et scénariste Tony Kushner (Munich, Angels in America), se focalise essentiellement sur les dernières années de la vie du président américain emblématique et plus particulièrement sur l’esclavage et la guerre civile. De ce fait, nous assistons à un film extrêmement lent et bavard se résumant la plupart du temps à des hommes à perruques en train de débattre sur des enjeux politiques dans la pénombre. La mise en scène de Spielberg, d’habitude assez débridée et virtuose, vient ici s’accorder en conséquence au sujet et s’avère étonnamment sobre et discrète (en somme, tout l’inverse de Tintin), tout comme la partition musicale de John Williams, très peu présente ou marquante. On louera en revanche le travail de lumière et de photographie, absolument sublime, de Janusz Kaminski (qui mériterait d’ailleurs largement de remporter un Oscar cette année), et surtout les performances d’acteurs, exemplaires. Que ce soit Daniel Day-Lewis, habité comme à son habitude par le rôle du personnage qu’il interprète, Tommy Lee Jones en sénateur Thaddeus Stevens, David Strathairn, James Spader ou encore Sally Field dans le rôle de la femme de Lincoln, on appréciera une brochette de comédiens au sommet de leur forme.
 
 

 
 
Il est par ailleurs intéressant de noter que l’on peut établir plusieurs parallèles entre Spielberg et Lincoln, manifestement un personnage duquel le réalisateur se sent proche – les deux étant des hommes de famille, des conteurs d’histoires et des hommes d’influence défendant des valeurs profondément humanistes. Comme le dit la femme de Lincoln dans le film : « Tu es un des meneurs les plus aimés du peuple, ne gâche pas ce pouvoir ». Il en va de même pour Spielberg qui, intimement convaincu que le cinéma détient la faculté de changer le monde, sort son film en pleine période électorale, espérant sans doute pouvoir influencer les choix de vote des Américains en y véhiculant des valeurs démocratiques et humanistes.

Film assez académique et en conséquence mineur dans la carrière de Spielberg, Lincoln fait néanmoins preuve d’un travail d’orfèvre en termes de fabrication pure, mis en valeur par la présence majestueuse de son acteur principal.

Titre original : Lincoln

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Durée : 149 mn


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