Les Runaways

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L´odyssée éphémère du premier groupe de rock 100 % féminin. Un biopic énergique, sympathique, mais anecdotique. A consommer vite fait, bien fait.

L’idée était couillue : monter un groupe punk-rock 100 % féminin à une époque où l’industrie musicale se contentait très bien de voir le sexe faible jouer les groupies. Malheureusement The Runaways n’a pas eu le temps de chambouler l’histoire du rock : fondé en 1975, il se disloque trois ans plus tard. Un passage éclair, essentiellement sur les scènes américaine et japonaise, qui suffit à inspirer la photographe-clippeuse Floria Sigismondi (David Bowie, les White Stripes, Marilyn Manson …) pour son premier long métrage.

Le film s’ouvre avec la formation totalement artificielle du groupe : dans l’esprit tordu d’un producteur visionnaire, Kim Fowley (Michael Shannon), naît l’idée – ou plutôt, le fantasme – de faire hurler des obscénités  à des adolescentes à peine pubères. Il dégote d’abord la brune électrique, Joan Marie Larkin, alias Joan Jett (Kristen Stewart), puis part en chasse d’une blonde angélique après être tombé sur une photo de Bardot juchée sur sa Harley. Sa "B.B.", ce sera Cherie Curie (Dakota Fanning), une fille mourant d’ennui dans sa banlieue résidentielle.

Joan casse sa tirelire pour s’offrir le même blouson que son idole, la loubarde Suzi Quattro, quand Cherie se grime le visage pour chanter Bowie à la kermesse du lycée. Ces moments sont parmi les plus justes du film : lorsque Floria Sigismondi évoque sans insistance le caractère artificiel mais néanmoins touchant du groupe. Comme lors de "l’audition" de Cherie : sommée de chanter avec ses tripes un « truc qui déchire », Cherie se lance dans une ballade un peu niaise. Plutôt que de la renvoyer sur le champ, Fowley et Joan grattent deux ou trois accords et lui créent ce qui deviendra (dans le film) le premier tube du groupe et résume parfaitement le message des punkettes : "Hello daddy, hello mum ! I’m your ch-ch-ch-ch-ch Cherie bomb…"

Les deux rôles féminins semblent taillés sur mesure pour Kristen Stewart (dont la moue boudeuse et donc "rock" intervient pour une fois très à propos) et Dakota Fanning, l’enfant prodige d’Hollywood. On les croit quand elles jouent des ados larguées, en quête de repères (familiaux, sexuels), au féminisme balbutiant mais sincère.

Pourtant, malgré ce casting réussi et une bande-son idéale (quoi qu’un peu répétitive), on observe avec un peu trop de recul les passages à vide éphémères de ces jolies camées. D’abord parce que le scénario se dilue dans une masse de détails inutiles (sur la formation du groupe, sur les causes de crêpages de chignon…). Et surtout, parce que Floria Sigismondi se contente d’une mise en scène stylée, certes, mais trop sage, là où on aurait aimé la voir, littéralement, prendre son pied. Son Runayways est énergique, sympathique, mais anecdotique. A consommer comme un petit film d’un soir : vite fait, bien fait.

Titre original : The Runaways

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Durée : 106 mn


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