Le film repose sur un équilibre précaire. Il s’agit d’alléger au maximum tout ce qui est posé là : les costumes, les décors, pour faire croire qu’on y est, pour plonger en même temps, et d’emblée, dans l’urgence, la panique, la précipitation des événements sur lesquels les personnages n’ont aucune prise. Force est de constater que ça ne fonctionne pas vraiment, l’interprétation est globalement à côté du sujet (voire totalement loupée : Xavier Beauvois en Louis XVI, ça ne va pas du tout), et l’intérêt du film, trop exclusivement dirigé en direction des amours de la Reine, cela même pour pointer l’incapacité du personnage à voir au-delà de ce qui la concerne, entrave une progression qui manque globalement de vivacité. Car, même au prétexte d’arpenter encore et encore les couloirs du château, à concentrer l’intrigue sur le triangle amoureux formé par la Reine, Madame de Polignac (Virginie Ledoyen en amante de Marie-Antoinette) et Sidonie Laborde, il faut reconnaître que l’ensemble finit par donner franchement le sentiment de tourner un peu en rond.
Il ressort de ces choix que le film lui-même finit par se trouver affecté par l’aveuglement qui touche déjà ses personnages. Totalement absorbé à contempler ses actrices, le regard s’en trouve en quelque sorte piégé, et ce qui devait apparaître en creux dans le film – la Révolution – s’en trouve en définitive exclu, remisé au rang de faire-valoir d’intrigues elles-mêmes rendues finalement assez peu intéressantes. Ce choix de point de vue (par trop d’identification avec son personnage principal ?) le maintient en effet dans un immobilisme satisfait, étouffé, peu à même de soutenir cette position qu’il semblait promettre, et faisant de Les Adieux à la Reine un film qui finalement n’invite pas à voir. À côté de cela, les préoccupations des personnages – soutenues par un jeu trop souvent exagéré – agacent rapidement. Des inquiétudes autour d’une pendule (à propos de laquelle il sera signifié à juste titre par un personnage que l’on s’en fiche totalement) aux préparatifs désordonnés et capricieux de la Reine, des rendez-vous et des conversations plus ou moins secrètes à la tentative de morceau de bravoure finale, rien ne prend vraiment forme. Et au film de donner le sentiment d’un flottement généralisé dans lequel rien ne commence vraiment ni n’aboutit jamais.