Le premier jour du reste de ta vie

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Toute vie aurait sa bande-originale. Douce théorie pour film un peu trop « chargé ».

« It’s a Perfect Day ». C’est par ces mots de Lou Reed que Rémi Bezançon choisit d’illustrer le sentiment de vide et d’apaisement accompagnant le passage d’une ère (la famille et ses innombrables péripéties), à une autre (la perte d’un membre du clan, la douloureuse mais nécessaire acceptation). C’est dans cet intelligent choix musical, l’emploi pertinent de la musique, que ce second long-métrage trouve sa réelle consistance. Manque au Premier jour du reste de ta vie (beau titre, renvoyant bien sûr au tube d’Etienne Daho) une semblable douceur, une commune respiration dans ses choix de mise en scène. Suivre sur 12 ans les aventures d’une famille par le biais d’un dispositif sélectionnant un jour particulier de la vie de ses cinq membres (le père, la mère, les trois enfants), ne requérait pas une telle surcharge visuelle, autant d’excès stylistiques.

Gêne assez vite cette manière de surenchérir dans les bons mots, les situations extrêmes comme les diverses manifestations d’une révolte adolescente, la crise de la presque cinquantaine, tout ce qui forcément illustre une certaine idée de « la vie ». Le film, se voulant drôle autant que profond, peine durant plus d’une heure à trouver dans l’originalité de son idée plus qu’une simple possibilité de cumul des signes, d’accentuation des détails. D’où le permanent sentiment de moins assister à la métamorphose particulière d’une cellule, entre crises et retrouvailles, violence et tendresse infinie, qu’à une étouffante tentative de brassage de thématiques n’ouvrant la voie à aucune affirmation décisive. Non que les personnages ne soient pas, par certains aspects, assez attachants (celui de la mère notamment, joué par Zabou Breitman, est brossé avec une certaine nuance ), mais leur manque presque tout du long l’espace nécessaire à leur incarnation durable.

Se dessine pourtant, un peu tardivement hélas, mais réellement, l’horizon final d’un bilan. Mine de rien, au-delà de toute cette surenchère, se creusait silencieusement l’évidence d’une fatalité. Les cheveux du père sont passés au gris, les raisons de la colère se sont quelque peu éclipsées. Le premier jour du reste de la vie est aussi le dernier de toute une existence passée. Ont traversé le film, souvent pour le meilleur, moult références et incrustations musicales telles que le « Summertime » de Janis Joplin, l’évocateur « Time » de Bowie, « In Pursuit of Hapiness » de The Divine Comedy… bien sûr, la jeune fille, adolescente des années 90, s’est retrouvée dans les paroles et le destin noir de Kurt Cobain. A chaque étape de la vie correspondait la douleur ou l’apaisement d’une mélodie, un refrain. Cette sensibilité « pop » n’est pas anodine. D’elle résulte peut-être la plausibilité même de tout le récit : une song de 3 minutes peut parfois contenir à elle seule tout ce qu’un film de 2 heures cherche au final à retranscrir un peu vainement : la troublante confusion du Commencement et de la Fin.

Titre original : Le Premier jour du reste de ta vie

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Durée : 114 mn


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