Le Chaperon rouge

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Adaptation du conte, entre policier et fantastique, mais à l’imaginaire bien pauvre.

Véritable ersatz de la saga Twilight – mobilisant d’ailleurs la réalisatrice du premier épisode – Le Chaperon rouge adapte un roman (signé Sarah Blakey-Cartwright) transposant le conte que tout le monde connaît dans le genre du thriller horrifique soft teinté de puritanisme victorien. Plus de « petit » dans le titre, car on y quitte l’enfance pour l’adolescence, ses métamorphoses et son romantisme naïf. Bref, pour un regard qui voit tout en (trop) grand. Bouh ? Bof.

Pas de loup ici mais un loup-garou terrorisant la région après, moyennant quelques sacrifices, des années de coexistence pacifiée. Au cours de la période dite de « lune de sang » (une pleine lune au teint particulier…), la créature sort les crocs et va la nuit venue égorger quelques villageois. L’arrivée d’un chasseur-chamane-inquisiteur spécialiste de la bête (Gary Oldman en grand prêtre dégénéré) leur révèle que le loup vit pendant le jour sous forme humaine, sans aucun doute caché au milieu des autres habitants. Cet aspect aurait pu conduire le film sur la voie du récit paranoïaque, un Dix petits nègres gothico-moyenâgeux distillant les fausses pistes, jouant de squelettes dans les placards, de masques et de passes-passes. La cinéaste se révèle malheureusement peu habile pour le mystère et préfère s’intéresser au dilemme sentimental travaillant sa jeune héroïne : lequel choisir parmi les deux grands garçons au teint blafard manifestant leur intérêt pour elle ? Le riche ou le pauvre ? Mais l’un d’entre eux ne serait-il pas lui-même le loup-garou ? Choisissant ainsi de coller sans recul au fond moraliste du conte (ne pas parler aux inconnus…), elle s’engouffre dans une veine dont elle ne parvient pas à s’extirper malgré un pseudo-retournement de situation (au final, c’est la femme de mauvaise vie qui fait de l’homme un loup).

Le petit village de Daggerhorn, entre forêt profonde, montagnes aux cimes enneigées et petits ruisseaux, est une vraie carte postale de conte, à la fois hors du temps et de l’espace. On y pénètre grâce à de rapides mouvements de caméra en surplomb, embrassant d’abord l’ensemble de la géographie pour ensuite s’approcher des maisons et de leurs habitants. On se croirait presque dans une publicité pour un parc d’attractions, type Puy-du-Fou. Cette impression ne sera par la suite jamais démentie tant le film affiche sa dimension pittoresque, comme si cela suffisait à faire exister un monde. De sa cohorte de bûcherons hyper-virils à la mini-armée trop ostensiblement cosmopolite du grand prêtre, des réunions de taverne aux grandes fêtes de village, tout semble faux, rien ne s’anime, même Amanda Seyfried (le chaperon rouge, c’est elle) qu’on avait pourtant vue l’année dernière si troublante dans Chloé d’Atom Egoyan. Lors d’une scène de fête donnée dans le village à l’occasion de la capture d’un loup (qui n’est pas le loup-garou), la cinéaste distille sur un fond de guitare électrique plans de danses, jeux, et beuveries, mais également d’une petite scénette où deux comédiens interprètent avec masques, costumes, grandes tirades et mouvements chorégraphiés… les trois petits cochons. Après tout pourquoi pas ? Mais on ne montre l’image que deux fois dans un ensemble mollement rythmé, comme si rien n’avait besoin d’être construit ou développé.

C’est à l’image de l’ensemble du film qui s’appuie sur des éléments disparates, renvoyant à des imaginaires forts (tel cet éléphant en acier construit sur roues) mais qui se contente de les aligner et finit par sombrer dans un vieux fond puritain dès qu’il s’agit de se mettre à raconter quelque chose. C’est également la marque d’un cinéma bien triste qui par incapacité à susciter la croyance par l’image ne parvient pas à enchanter et se contente à la place de frimer.
 
 

Titre original : Red Riding Hood

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Durée : 90 mn


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