Lawrence d’Arabie

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Lawrence D´Arabie, c´est l´histoire d´un mirage mis en scène comme une danse orientale. C´est la rencontre de deux cultures – les Arabes et les Anglais – qui doivent combattre un peuple : les Turcs. Mais c´est aussi l´histoire d´une foi, celle d´un homme, qui va peu à peu se transformer en désillusion.

Lawrence D’Arabie, le personnage, c’est une force qui se mesure à plus fort qu’elle : le désert. Pour filmer cette force, le réalisateur David Lean (Docteur Jivago, Le Pont de la Rivière Kwai), fait appel au regard bleu de Peter O’Toole (Le Dernier Empereur, La Nuit des Généraux, La Bible). Filme ses yeux tels un océan dans le désert.

Mais Lawrence D’Arabie, c’est aussi un lieutenant de l’armée Anglaise qui dit, au début du film : « Je suis différent » et qui finit par dire, à la fin, qu’il est « ordinaire ». Sauf que la nature l’a doté d’une force, d’une arrogance incassable, qui fait qu’il sera toujours différent des autres hommes, même s’il finit par rentrer dans le droit chemin.

Là où tout commence à s’écrouler pour lui, c’est lorsqu’il exécute le servant qu’il sauva au péril de sa vie, alors que celui-ci s’était perdu la nuit dans le désert. Cet événement nous éclaire doublement sur le personnage : Lawrence D’Arabie a besoin sans cesse de se mettre en danger. Il ne peut pas accepter d’être vivant en quelque sorte. Il sauve mais il reprend aussi la vie. Et ce sont à la fois son orgueil et sa haine de lui-même qui vont l’amener à aller contre ses rêves : il va exécuter ce servant – qui a trahi – en l’honneur d’une coutume, alors qu’il ne suivait jusqu’alors aucune règle. Alors qu’il était contre toute effusion de sang. Puis, il va avouer y prendre plaisir.

Pourtant, Lawrence D’Arabie a un réel don d’humanisme qu’Ali (Omar Sharif), aussi bien qu’Abu (Anthony Quinn), ou Le Prince Fayçal (Alec Guinness), vont tout de suite admirer. Ali sera son plus fidèle ami. Il apparaît dès le début du film, sa silhouette venant du fin fond du désert, comme un mirage. Lawrence va peu à peu comprendre que ses rêves sont des mirages. Mais parce qu’il est, au fond de lui, sincère et pur, il trouvera toujours sur sa route le soutien de Dieu : « Remerciez-le », insiste Ali, lors de la traversée la plus difficile qu’ils auront à faire. Cette parole n’est pas anodine, Ali veut calmer les ardeurs du jeune homme qui vient de s’exclamer : « On a réussi ». Ils ont réussi, certes, mais grâce à Dieu.

Ali est l’ange gardien de Lawrence. Dès leurs premiers échanges, il voit bien que le jeune Anglais est différent des autres Blancs et qu’il peut l’aider dans sa quête, mais Lawrence veut tout réussir par lui-même. Ainsi, il part seul à la recherche du Prince Fayçal, muni d’une boussole uniquement, alors qu’Ali, suite à leur rencontre, s’est proposé de le conduire. Pourtant Lawrence y arrive. Car comme il le dira un peu plus tard : « C’est écrit dans ma tête ». Contrairement à ce qui est écrit dans les signes.

Lawrence D’Arabie est celui qui prend son destin en main, fait tout pour se mettre en avant. Il aurait pu rester au chaud entre les pierres anglaises, mais ne s’y sentait pas libre. Et il le fait savoir à ses supérieurs par ses pitreries et son érudition. Quitte à être pris pour un fou. Sa seule faute est de se croire l’égal de Dieu. C’est ce qui le fait devenir cruel, puis amer. Dès qu’il affirme être l’équivalent d’un prophète – dans la seconde moitié du film – alors qu’auparavant il faisait comme si tous le savaient, se gardant de le dire ; dès qu’il nargue directement la mort – lorsqu’un soldat veut l’abattre à plusieurs reprises et qu’Abu le sauve. Peu à peu, la chance le quitte. Et ses idéaux s’écroulent. Il devient d’abord un assassin, puis se fait humilier par des soldats turcs. Il devient de plus en plus seul, malgré le soutien d’Ali, mais surtout, alors qu’il avait le don de s’amuser, il commence à se prendre au sérieux. Alors qu’il chantait et dansait dans le désert, s’étonnait souvent, il veut tout à coup devenir un homme ordinaire.

Lawrence D’Arabie incarne le monde des idées, de la connaissance. C’est ce qui le fait accepter, par le Prince Fayçal notamment, qui voit en lui quelqu’un de très intelligent, mais surtout de passionné. Il voit en lui ce « miracle » qui peut donner courage aux Arabes et aux autres hommes qu’il rencontre, mais sait aussi qu’un jour, il reviendra de ses rêves…


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