Iron Man

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Déçus par Ghost Rider, Elektra, X-Men 3 ? Epuisés par les scènes d´action illisibles de Transformers ? Envie d´un vrai bon film de super-héros à la Spider-Man ? Réjouissez-vous, Iron Man est là pour vous redonner le sourire !

La qualité d’un film à gros budget se mesure généralement aux risques qu’il ose prendre. En ouvrant la saison des blockbusters 2008, avec un héros incarné par un visage peu connu du grand public, et un réalisateur abonné aux comédies familiales, Iron Man risquait gros. La popularité du super-héros créé en 1963 n’est toutefois plus à démontrer, outre-Atlantique tout du moins. Pas pour rien que Tom Cruise ou Nicolas Cage ont pendant un temps fait des pieds et des mains pour enfiler l’armure de combat créée par le millionnaire alcoolique Tony Stark. Finalement, dix ans de «developpement hell » et 170 millions de dollars plus tard, Iron Man de Jon Favreau se présente devant nous, fébriles adorateurs d’aventures fantastiques et de sagas épiques. Le logo Marvel apparaît à l’écran, le Back in black d’AC/DC retentit dans les enceintes… et voilà Robert Downey Jr.

Le choix de la production pour jouer Tony Stark s’avère instantanément être un coup de génie, comme on n’en avait sans doute plus vu depuis Batman (Michael Keaton, quand même…). Avant d’être une belle gueule pour posters de magazine, à l’écran, Stark est d’abord, par la grâce du comédien qui l’incarne, un véritable personnage de cinéma, ultra-charismatique, car multi dimensionnel. Génie précoce et mégalomane à la Howard Hugues, Stark vend ses inventions à l’armée américaine avec un détachement et un cynisme permanents. Barbichette taillée et verres fumés, le whisky toujours à portée de main, Downey Jr s’en donne visiblement à coeur joie dans le second degré odieux, avec un réalisme d’autant plus saisissant que le comédien a gardé la réputation, pendant longtemps, d’être quelqu’un d’aussi dépendant et excessif que peut l’être Stark.

La légèreté ambiante qui plane sur tout le premier quart d’heure (inutilement raconté en flash back) n’est bien sûr que temporaire. Comme pour tout super-héros, la destinée de Tony Stark débute par un trauma initial. Pour Batman, il s’agissait de la mort des parents, pour Spider-Man celle de son oncle. Iron Man, lui, est capturé par des ennemis de l’Amérique (modernisation de l’histoire oblige, ce sont ici des Afghans), et subit l’implantation d’un electro-aimant, censé éviter que des bouts de schrapnel ne lui perforent le coeur. Stark parviendra à construire une première armure pour s’échapper, et faire en sorte que son empire industriel ne serve plus jamais à fabriquer des outils de destruction…

Un début de saga qui prend son temps

S’il est sans surprises, et majoritairement conforme à la bande dessinée, le parcours de Tony Stark est toutefois réjouissant à suivre. Car, contrairement à ses célèbres congénères, Iron Man n’est pas un mutant ou un alien à forme humaine. Il est un homme subitement conscient de ses erreurs passées, qui a décidé d’aller sauver le monde pour « que sa vie serve à quelque chose ». Les canons hollywoodiens font que son revirement est un peu surréaliste, mais, dans l’ensemble, Jon Favreau et ses scénaristes se sont appliqués à donner le plus d’épaisseur possible au personnage, véritable coeur du film. Construisant patiemment son armure révolutionnaire dans son labo ultra-moderne, Stark ne revêtira la fameuse combinaison or et rouge que dans la dernière demi-heure du film.

Les scènes d’action sont de fait peu nombreuses (quatre en tout et pour tout), et devraient laisser sur leur faim ceux qui s’attendaient à une orgie de tôle froissée. Or, cette retenue est partiellement décevante elle aussi, accompagnée qu’elle est d’une direction d’acteurs hasardeuse (Jon Favreau en est pourtant un), ainsi que d’une mise en scène peu imaginative.
Toutefois, si le montage plan-plan et les dialogues souvent simplistes parasitent le visionnage, tous ces défauts laissent paradoxalement le champ libre à la performance de la star du show, Downey Jr, le seul à être réellement mis en valeur à chaque plan. Qu’il crée un gag visuel en parlant à un bras robotisé, ou qu’il couche avec une journaliste à peine rencontrée, l’acteur est toujours dans le ton, dans la coolitude la plus naturelle qui soit. Il porte naturellement le film sur ses épaules, et fait mieux que prouver sa valeur : il donne vie à un héros de saga que l’on a immédiatement envie de revoir.

Cela ne devrait d’ailleurs pas trop tarder. Pour le plaisir des fanboys qui connaissent leurs BD sur le bout des doigts, de multiples clins d’oeil sont disséminés tout au long du film, donnant des pistes sur la teneur des suites à prévoir : apparition du SHIELD à la faveur d’un petit running gag efficace, coup d’oeil de Jim Rhodes à l’armure dorée du justicier (« Une autre fois ! »), révélation finale bouleversant la donne habituelle des super-héros… Aucun doute, les pontes de la Marvel ont de la séquelle dans les idées. Mais pour une fois qu’un héros masqué parvient à convaincre sans nous abrutir avec un scénario bardé d’incohérences, un montage hystérique, et un casting fashion où les belles croupes éclipsent les purs talents, on ne va pas se plaindre. Au contraire, ces deux heures sont bien trop courtes !

Titre original : Iron Man

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Durée : 125 mn


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