Parmi les « franchises » qui persistent en salles, Destination finale enchaîne avec un cinquième épisode, le second en 3D. Raté de bout en bout, le film étonne par son obstination à coller aux recettes qui caractérisent la série depuis ses débuts, il y a une dizaine d’années, s’acharnant à ne rien varier, ou presque, et à répéter toutes les maladresses déjà commises. On retrouvera donc le même genre de petit groupe de personnages échappant ici par la grâce de la vision prémonitoire d’un play-boy pas toujours très malin à une invraisemblable catastrophe (l’effondrement d’un pont suspendu causé par, on n’est décidément à l’abri de rien, le vent et des travaux…). Pas contente, la Mort réclame son dû. Mais pas n’importe comment. Elle pourchasse les miraculés dans l’ordre où ils auraient dû, suivant l’ordre des choses, venir la rejoindre. Et elle y met la manière, chaque accident résultant d’une combinaison de facteurs qui donne son cachet à la série, jouant sur le terrain de l’horreur domestique.
Un mauvais scénario n’a jamais empêché de faire un bon film. Encore faut-il pour celui-ci s’affirmer par des idées de mise en scène. Mais le cinéaste préfère ici jouer vaguement de quelques petites nouveautés de scénario distillées dans un parcours extrêmement balisé. Un paradoxe inexplicable dans un film dont le sujet appelle pourtant un vrai travail de mise en scène. On a alors droit à tout : l’incapacité du jeune héros à expliquer son « intuition » à la police (qui du coup le suspectera de terrorisme…), la prise de conscience progressive des rescapés (ici particulièrement mal menée), une scène explicative assez indigente ouvrant sur un dilemme moral ridiculement traité (tuer quelqu’un pour que la mort vous lâche la grappe). L’autre aspect important, ce sont les scènes de mort. Steven Quale s’y révèle assez peu inventif, celles-ci (sauf peut-être la première) finissant toutes par se ressembler, et être interchangeables d’un épisode à l’autre. C’est toujours le même sadisme, toujours le même humour assez infantile (tout comme l’utilisation de la 3D). Il est ainsi terrifiant de voir à quel point le film, tout comme ses prédécesseurs, renonce à toute forme d’idée de mise en scène. Plus qu’un film d’horreur façon train fantôme – ce qu’il aspire visiblement à être – voilà un exemple de cinéma confortablement installé dans le train-train de son statut de franchise à succès modéré. On espère que c’est le dernier de la série.