Dans la vie

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En choisissant de filmer en grande partie des femmes, Philippe Faucon prend le parti de la paix et de l´antiracisme.

Les films de Philippe Faucon s’approchent au plus près des visages. Ils racontent la vie et c’est sans doute pour cette raison qu’ils parlent à notre cœur et rencontrent un succès d’audience à la télévision ainsi que ce fut le cas pour Sabine en 1992 sur Arte et Mes 17 ans en 1996 sur France 2. En 2005, La trahison est son troisième film et il obtiendra une bonne critique plaçant Philippe Faucon parmi les réalisateurs importants de son époque. Une époque qu’il connaît bien et qu’il continue de dépeindre au plus près de la réalité, comme des tranches de vie néoréalistes. « J’aime la manière dont Philippe approche ses personnages, toujours avec respect et délicatesse, confie Yasmina Nini-Faucon, la productrice qui semble être l’épouse du réalisateur et dont le père, Hocine Nini, joue le rôle du père dans le film. Et en même temps, il arrive à dire toute la violence, ou la complexité, des situations qu’ils vivent. Il ne s’attarde jamais inutilement. Et pourtant, tout est posé, simplement, sans facilités, ni lourdeurs. » Son dernier film s’appelle Dans la vie, et de quelle vie s’agit-il ? A moins qu’il veuille mettre en scène des gens qui sont dans la vie, et non hors d’elle ?

Homme intégré dans la vie de son temps, inquiet de la tension israélo-palestinienne qui sévit depuis quelques décennies et qui semble se répercuter maintenant dans la société française alors qu’il semblerait qu’on n’ait pas le pouvoir d’empêcher cette gangrène, Philippe Faucon ne veut pas baisser les bras. C’est pourquoi Yasmina Nini-Faucon a monté sa maison de production pour que Philippe Faucon puisse faire ce film dont il situe l’action à l’été 2006, au plus fort de la tension au Proche-Orient, au moment de l’attaque d’Israël à l’intérieur du Liban, contre le Hezbollah. C’est pourquoi la première partie du film est ponctuée des images de ce conflit retransmises tous les soirs par la télévision et diversement interprétées par les protagonistes du film.

Osons le dire, ce conflit a fini alors par déteindre sur la France, et on ne sait d’ailleurs toujours pas si le feu couve encore. En choisissant de filmer en grande partie des femmes, Philippe Faucon prend le parti de la paix et de l’antiracisme. Il met en parallèle, dans la ville de Toulon, deux histoires : celle d’Esther, une juive pied-noir handicapée moteur et de son fils médecin d’un côté, et celle d’une famille algérienne confinée dans un immeuble du quartier arabe. Le hasard va les faire se rencontrer parce que le sale caractère d’Esther fait fuir toutes les aides ménagères et infirmières, jusqu’au jour où Sélima, l’infirmière de jour, puis sa mère, Halima, musulmane pratiquante vont entrer dans la vie d’Esther et la transformer.

On devine que ce ne sera pas facile et le film dit bien toutes ces tensions, cet antisémitisme quelquefois qui passe par des mots violents de part et d’autres, mais qui n’ont plus de raison d’être dès lors que la différence s’atténue. La tendresse culmine notamment dans une très belle scène au hammam dans laquelle Esther, débarrassée de son sempiternel fauteuil roulant, va se trouver hissée par des bras amis. Cette fusion, cette ressemblance à travers les différences, sont des moments forts qui font espérer et croire que « la femme est l’avenir de l’homme ».

Philippe Faucon, lui, y croit dur comme fer. Ca se voit sur le visage d’Esther, transfiguré par la grâce à la fin du film, lorsque Halima et son mari partent pour la Mecque au milieu des youyous et des klaxons dans la lumière de l’été. Nous sommes tous pétris de la même glaise et c’est dans cette certitude qu’on pourra accéder enfin à la paix. Deuxième bonne nouvelle de l’intégration ces temps-ci, juste après La graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche qui parle, lui, entre autres, d’amour et de fraternité pour lutter contre la ségrégation et le chômage.

Titre original : Dans la vie

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Durée : 73 mn


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