Coffret DVD Monte Hellman (The Shooting, L´Ouragan de la violence, Cockfighter)

Article écrit par

Edition Carlotta – Décembre 2007   Un ancien chasseur de primes est contraint d’emmener une femme mystérieuse vers Kingsley. Il va très vite douter de sa bonne foi (The shooting). Trois cow-boys sont injustement poursuivis par une milice qui les accuse d’avoir braqué une diligence (L’ouragan de la vengeance). Un entraîneur de combat de coqs […]

Edition Carlotta – Décembre 2007

 

Un ancien chasseur de primes est contraint d’emmener une femme mystérieuse vers Kingsley. Il va très vite douter de sa bonne foi (The shooting). Trois cow-boys sont injustement poursuivis par une milice qui les accuse d’avoir braqué une diligence (L’ouragan de la vengeance). Un entraîneur de combat de coqs décide de ne plus prononcer le moindre mot tant qu’il n’aura pas remporté de victoire (Cockfighter).

En s’aventurant dans les plaines du Far-West, Hellman n’aspire qu’a une seule chose : développer le mythe. Avec The shooting, le cinéaste explore les méandres du road-movie en le poussant à son paroxysme. Cette quête sans fin est un prétexte à filmer la mort en mouvement. Véritable ballet macabre, où Hellman emmène ses héros (et ses spectateurs) dans des territoires poussiéreux, sans le moindre signe de vie et où la mort peut survenir à chaque instant. Dans ce tourbillon mortuaire, le cinéaste plonge le spectateur dans un gouffre aux chimères. A défaut d’une intrigue, Hellman oriente son film vers une dramaturgie tendue flirtant avec l’invisible. Concept qui se traduit par une histoire légère et des dialogues incisifs forçant le spectateur à s’identifier à l’un des protagonistes. Que reste t-il de ce vide absolu ? Rien que le bruit des pas de ces cow-boys esseulés.

Dans L’ouragan de la vengeance, second western tourné pratiquement avec la même équipe, Hellman utilise le canevas habituel du groupe d’homme poursuivis dans un Ouest fantôme. Le schéma conventionnel propre à n’importe quel western hollywoodien se dissipe délicatement pour laisser place à une codification inhabituelle dans le genre. Tout comme Ford dans La prisonnière du désert, Hellman utilise le thème de la quête initiatique afin de mieux dévoiler les caractères de ses personnages. Mais là où Ford insérait une construction narrative ordonnée, Hellman préfère reléguer l’histoire au second plan afin de mieux brouiller les pistes. Le silence devient l’élément fondamental de sa mise en scène, constituant une mise en abyme d’un monde et/ou d’un genre cinématographique qui s’éteint.

Le troisième film de cette collection est le plus impersonnel de l’auteur. Cockfighter est une œuvre problématique car chaque séquence du film traduit un dénigrement total d’Hellman pour ce scénario. Prisonnier d’un producteur paranoïaque (Roger Corman), il ne peut réaliser le film qu’il espérait. Le résultat donne un film malade, protéiforme et complètement remonté par un Corman inculte !

Les films de Monte Hellman sont hypnotiques, sorte de trips féconds qui nous plongent dans une forme d’essence baudelairienne. Planante, pleine d’extase, concentrée de bric et de broc, l’œuvre de ce cinéaste maudit est un cercle vicieux, osmose parfaite entre un riff de John Fogerty et une mélodie sucrée de Brian Wilson. Ces films, souvent lents et contemplatifs, offrent plusieurs possibilités de lecture, plusieurs questionnements, plusieurs façons de célébrer la vie, l’amitié et la mort aussi. La mort qui ne fait que de travailler tout en sifflant la lente sécheresse de l’esprit.


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi