Bonsái

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Le lunaire Julio écrit un manuscrit inspiré de sa première histoire d’amour. Malgré son charme, cet aller-retour entre présent et passé ne convainc qu’à moitié.

Au Chili, sa patrie d’origine, le roman Bonsài jouit d’un culte touchant à la fois du phénomène littéraire et générationnel, l’auteur Alejandro Zamba étant propulsé parmi les fers de lance des nouveaux écrivains de langue espagnole dès ce premier roman. Pas sûr que l’adaptation qu’en a tiré Cristiàn Jiménez connaisse le même sort. Coincé au stade de la postproduction, le réalisateur s’est tourné vers la France et l’Espagne pour achever son film, grâce à l’aide du Cinéma en construction.

C’est peut-être là que se situe le noeud du problème, Bonsài laisse le fort sentiment que Jiménez passe son temps à essayer de contenter tout le monde. Les jurys de festivals européens par exemple, ce qui lui aura au moins valu une présentation à Cannes. Las, c’est dans sa course au cinéma d’auteur que Bonsài exploite le plus maladroitement ses belles idées. Hésitant constamment entre légereté et maniérisme, cette comédie des actes manqués garde le goût du work-in-progress. Difficile de résister à la tentation d’empoigner les ciseaux et d’opérer soi-même quelques coupes, tant il paraît évident que le film gagnerait à resserrer son propos, lui évitant d’appuyer un discours qui n’en demande pas tant.

L’Auberge Chilienne

En étouffant la fraîcheur de ses comédiens, au centre desquels le singulier Diego Noguera, Bonsài risque de passer à côté de son public initial, qu’on imagine plutôt ciblé adulescent. Avec cette comédie mi-adolescente, mi-trentenaire, dans laquelle un aspirant écrivain réécrit son premier amour, Jiménez tient un touchant portrait, décrivant en filigrane la société chilienne des années 90, coincée dans un sentiment de torpeur après la chute de la dictature. Bonsài rappelle parfois L’Auberge Espagnole de Klapisch, avec un potentiel par ailleurs bien plus évident : une comédie douce-amère sur la difficulté de vivre, son personnage principal passant le plus clair de son temps à ne pas agir.

Dans son aller-retour permanent entre fiction et souvenirs, Jiménez sauve heureusement plus d’une scène. Il suffit d’une poignée de plans d’où effleurent une tendresse sensuelle pour séduire. Le coup de coeur n’est jamais loin, mais avant de l’atteindre, Cristian Jiménez doit d’abord apprendre à écouter ses personnages. La mélancolie qui parcourt son film ne demande pas plus.
 

Titre original : Bonsái

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Durée : 95 mn


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