Beetlejuice

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Ils sont morts mais ils vont bien.

 » T’es mort et c’est chouette ! «  Le Joker (Jack Nicholson) sert la main du cadavre brûlant de son ex-collègue et répète cette phrase jusqu’à ce qu’il soit pris par l’un de ses fous rires qui traversent le premier Batman (1989).  » T’es mort et c’est chouette !  » C’est vrai que la mort qui s’invite chez Tim Burton a l’air de plutôt bien se marrer. Le cavalier sans tête de Sleepy Hollow (1999) semble s’éclater à terroriser les vivants et les morts qui reprennent vie dans le cimetière d’Ed Wood (1994) ont même plutôt bonne mine. Ajouter à cela la mort qui arrive en chanson dans Mars Attack (1996) et les beaux derniers instants de la vie de Ed Bloom (Albert Finney) quand se termine Big Fish (2003) et on ne peut qu’être heureux quand Adam (Alec Baldwin) et Barbara (Geena Davis) cassent leur pipe dès les premières minutes de Beetlejuice (1988). Lui portait une chemise horrible et elle avait tout de la cruche. De là à dire que leur mort est la plus belle chose qui leur soit arrivée de toute leur vie, il n’y a qu’un pas.

 

Pour son deuxième long métrage Tim Burton enferme un couple de loosers dans leur propre maison après leur mort – un accident de voiture forcément stupide. Les deux péquenots, incapables même de se défendre un tant soit peu dans leur rôle de fantôme – leur déco est plus effrayante qu’eux – vont subir l’arrivée de nouveaux habitants jusqu’à en devenir malades. Car ces derniers, s’ils sont tout aussi ringards qu’eux, manque de bol, viennent eux de la grande ville – adieu grosse armoire campagnarde, bienvenue horrible sculpture contemporaine. Le goût du morbide si cher à Tim Burton habite Beetlejuice de la première à la dernière minute mais ce qui étonne aujourd’hui, les très sérieuses années 2000 du réalisateur étant derrière nous, c’est à quel point on s’amuse devant notre écran. En effet, on est plus dans la grosse poilade bien franche que dans la finesse d’un Ed Wood où la mélancolie ne cesse de percer derrière le rire. L’arrivée à mi-film du personnage de Beetlejuice, joué par un Michael Keaton en roue libre, dynamite littéralement tout ce qui a été construit plus tôt.

 

Le couple d’amoureux trop vite décédés, la belle idée d’un royaume des morts dirigé par des bureaucrates, tout cela disparaît dès que Michael Keaton ouvre la bouche. Les voyants passent alors au vert, Tim Burton laisse faire et le festival de  » grand n’importe quoi  » qui suit rend en comparaison le numéro de Jack Nicholson dans Batman bien sage. Beetlejuice nous fait partager ses souvenirs de cinéphile –  » J’ai vu L’Exorciste 2747 fois et chaque fois je me marre comme un bossu qu’est ce qu’il est chouette ce film nom de Dieu !  » -, prend au piège une mouche trop gourmante avec une barre de chocolat, pelote Geena Davis devant un Alec Baldwin à la chemise décidément très moche et tout va pour le mieux. Beetlejuice mélange humour noir et blagues potaches et malgré le coup de vieux qu’ont pris les effets spéciaux, tout marche encore du tonnerre. On regarde ça avec des yeux aussi grands ouverts que ceux de la jeune et gothique Lydia (Winona Ryder), fasciné par ce dont était capable le même réalisateur qui, sur un thème tout aussi morbide, a commis Les Noces funèbres (2004) et Sweeney Todd (2007). Une fois qu’il a disparu, il suffit d’appeler trois fois Beetlejuice pour le faire revenir. On essaye avec Tim Burton ?

Titre original : Beetlejuice

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Durée : 92 mn


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